Le rebond des Bourses européennes mis en échec par l'euro

par Blandine Henault

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont effacé leurs gains initiaux mardi à la mi-journée, leur tentative de rebond s'étant heurtée au renchérissement de l'euro, qui profite de l'optimisme sur la croissance économique de l'union monétaire et de la remontée des anticipations d'inflation.

A Wall Street, les contrats à terme sur les indices new-yorkais indiquent une ouverture proche de l'équilibre après les légers gains enregistrés lundi.

À Paris, le CAC 40 recule de 0,15% à 5.333,63 points vers 11h45 GMT. À Francfort, le Dax abandonne 0,05% tandis qu'à Londres, le FTSE, insensible aux variations de l'euro, maintient ses gains (+0,14%).

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 perd 0,36%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro lâche 0,23% et le Stoxx 600 baisse de 0,27%.

L'euro gagne 0,51% face au dollar, pour revenir autour de 1,1725, soit au plus haut depuis le 26 octobre, date de la dernière réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE).

La tonalité très accommodante affichée alors par la banque centrale, et ce en dépit de l'annonce d'une réduction de son programme de rachats d'actifs (QE), avait fait tomber la devise jusqu'à 1,1552 dollar au cours des jours suivants.

DES FACTEURS HAUSSIERS SUR L'EURO

Mais depuis la semaine dernière, l'euro a rebondi après des déclarations de plusieurs hauts responsables de la BCE qui ont exprimé une certaine impatience d'en finir avec l'assouplissement quantitatif.

La devise unique a aussi profité de la remontée des anticipations d'inflation. Les swaps d'inflation à cinq ans dans cinq ans sont ainsi brièvement remontés mardi à plus de 1,7% pour la première fois depuis le mois de mars.

"Ces facteurs haussiers combinés à une stabilisation du dollar américain dans l'attente de nombreux chiffres économiques à venir engendre le contrepied haussier en cours", explique Nicolas Chéron, responsable de la recherche marchés chez Binck.fr.

Le dollar recule parallèlement de 0,26% face à un panier de devises de référence. Les cambistes attendent notamment mercredi les chiffres des prix à la consommation pour le mois d'octobre aux Etats-Unis.

Plusieurs analystes mettent aussi en avant le franchissement d'un seuil technique clé sur la parité euro-dollar pour expliquer le rebond du jour de la devise unique.

Dans le même temps, les derniers indicateurs économiques parus pour la zone euro confirment globalement la vigueur de la reprise économique. Au troisième trimestre, la croissance a ainsi été plus forte en zone euro qu'aux Etats-Unis : la progression du produit intérieur brut (PIB) des 19 pays de l'union monétaire a atteint 2,5% en variation annuelle contre +2,3% outre-Atlantique.

Les rendements obligataires évoluent toutefois mardi de façon décorrelée avec l'euro : le rendement du Bund allemand à 10 ans recule légèrement, sous 0,41%, après être fortement remonté lors des trois dernières séances.

"La trajectoire des taux est aussi liée à la réforme fiscale aux Etats-Unis, et tout frein à cette réforme est susceptible de peser sur les rendements", indique Alexandre Baradez, analyste marchés chez IG.

Du côté des pays dits périphériques de la zone euro, les rendements ont légèrement corrigé la semaine dernière mais ils restent soutenus par la perspective d'une action prolongée de la BCE sur le marché obligataire.

Le rendement des obligations souveraines du Portugal à 10 ans perd mardi près de cinq points de base, à moins de 1,95%. Il évoluait encore à plus de 2,3% juste avant la dernière réunion de la BCE.

ALTICE RECHUTE, ALSTOM SALUÉ

Aux valeurs en Europe, Altice rechute et perd 6,91%. Le titre, affecté par l'abaissement de l'objectif de cours des analystes de Morgan Stanley et Kepler Cheuvreux, a touché son plus bas niveau depuis avril 2014.

A l'inverse, Tesco (+5,67%) profite du feu vert provisoire des autorités britanniques à son projet de rachat du grossiste Booker (+6,14%), d'un montant de 3,7 milliards de livres (4,1 milliards d'euros).

Vodafone gagne 4,88%, l'une des plus fortes hausses du Stoxx 600, après avoir relevé ses prévisions en s'appuyant sur des semestriels solides.

A Paris, Alstom bondit de 3,85% après avoir annoncé une hausse de sa marge opérationnelle au premier semestre portée par une amélioration du "mix" de son portefeuille et la solide exécution de ses contrats en cours.

En tête du CAC 40, Vivendi s'adjuge 3,92% après le relèvement de la recommandation de JPMorgan à "surpondérer".

Sur le marché pétrolier, les cours du brut évoluent en baisse, la perspective d'une nouvelle augmentation de la production des Etats-Unis l'emportant sur celle d'un encadrement durable des pompages de l'Opep.

L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a par ailleurs prévenu mardi que la demande mondiale de pétrole devrait croître moins vite que prévu au cours des prochains mois en raison des températures plus clémentes, ce qui pourrait ramener des excédents sur le marché au premier semestre 2018.

(édité par Marc Angrand)