Le raid US contre l'hôpital afghan de MSF, une "erreur tragique"

Le général John Campbell, commandant des forces américaines et de l'Otan en Afghanistan (Isaf). Le bombardement d'un hopital de l'ONG Médecins sans frontières (MSF) à Kunduz est une "erreur tragique", selon une enquête menée par les Etats-Unis publiée mercredi. /Photo prise le 23 novembre 2015/REUTERS/Hannibal Hanschke

WASHINGTON (Reuters) - Le bombardement d'un hôpital de l'ONG Médecins sans frontières (MSF) à Kunduz est une "erreur tragique", conclut une enquête menée par les Etats-Unis publiée mercredi. "C'est une erreur tragique. Jamais les forces américaines n'auraient intentionnellement visé un hôpital ou toute autre installation protégée", a déclaré lors d'une conférence de presse le général John Campbell, commandant des forces américaines et de l'Otan en Afghanistan (Isaf). Les activités des personnes les plus étroitement liées à cet incident ont été suspendues, a dit John Campbell. Le 3 octobre, un bombardement de l'armée américaine, qui appuyait alors l'armée afghane dans sa reprise de Kunduz, a tué 30 personnes dont 12 membres de l'ONG. Selon l'enquête, les forces américaines ont cru prendre pour cible un autre bâtiment de la ville en raison d'un problème technique du système de cartographie embarqué dans l'appareil qui a mené l'attaque, un AC-130. La cible apparaissant à l'écran était similaire à celle que cherchaient les forces américaines, à savoir le quartier général des services de la sécurité nationale à Kunduz supposé abriter des insurgés. "Cette erreur d'identification s'est poursuivie de manière tragique pendant le reste de l'opération en dépit d'indications contraires", a déclaré Campbell. Le système de localisation de l'AC-130 a fini par identifier le bâtiment qui devait faire l'objet de l'attaque. Celle-ci s'est poursuivie bien qu'aucune activité hostile n'ait été observée en provenance du bâtiment occupé par MSF, a reconnu Campbell. "Il s'agit d'erreurs humaines et de procédure", a admis l'officier. Le déroulement des événements établi par l'armée américaine montre que l'attaque a duré 29 minutes. Elle a commencé à 02h08 et la base aérienne de Bagram a reçu à 02h20 un appel de MSF annonçant que l'hôpital était pris pour cible. Il a fallu attendre 02h37 pour que l'armée américaine se rende compte de son erreur mais à ce moment-là l'AC-130 avait cessé ses opérations. L'enquête a montré que 30 personnes, des membres du personnel médical, des patients et des assistants, avaient été tuées et que 37 avaient été blessées. "L'enquête a montré que les individus impliqués n'ont pas respecté les règles d'engagement", a-t-il dit. "Le chaos ne peut pas justifier cette tragédie". "Nous sommes totalement dévastés par ce qui s'est produit et nous ferons absolument tout ce qui est en notre pouvoir pour que cela ne se reproduise plus", a-t-il ajouté. (Phil Stewart and Yeganeh Torbati,; Nicolas Delame et Pierre Sérisier pour le service français)