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Le PS tente de rassembler la gauche après la défaite

par Elizabeth Pineau PARIS (Reuters) - Le gouvernement et la majorité socialiste ont multiplié lundi les initiatives pour rassembler la gauche, au lendemain d'une nouvelle défaite électorale qui a démontré que l'unité était vitale pour résister à l'UMP et au Front national. Signe de la gravité de l'heure, Manuel Valls a annulé la réunion qu'il devait avoir mardi avec le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, pour des consultations avec les dirigeants du PS, qui a perdu dimanche la moitié des départements qu'il dirigeait et est devancé en voix par le FN. Le Premier ministre, qui devait participer au conseil des ministres franco-allemand à Berlin avant de se rendre à Francfort, sera présent à la réunion du groupe PS à l'Assemblée puis aux questions des députés au gouvernement. "En bonne entente avec le président, le Premier ministre a jugé qu'il était plus important d'être à Paris qu'à Berlin demain", a-t-on expliqué dans son entourage. "Les lendemains d'élection, on sent le vent, le climat, il faut être réactif." Le chef du gouvernement a déclaré dimanche soir qu'il maintenait le cap de sa politique économique tout en annonçant des mesures pour favoriser l'investissement privé et public. Dans sa première expression publique depuis le scrutin, François Hollande a rappelé lundi soir, au côté du président italien Sergio Mattarella, la nécessité de consolider la croissance en Europe. "Nos deux pays sont attachés à ce que la reprise qui s'annonce, qui maintenant s'entrevoit, soit la plus forte possible, la plus robuste possible et la plus créatrice d'emplois possible", a-t-il dit à l'Elysée. L'annonce d'un maintien du cap économique a été mal accueillie par la gauche du PS, qui réclame un changement après la perte de la moitié des départements. Les partisans de Martine Aubry, qui rassemblent de nombreux "frondeurs" opposés à la politique économique de Manuel Valls, se réuniront mardi soir à l'Assemblée nationale. Une réunion lundi entre la direction du PS et celle d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) a d'ailleurs été élargie à des personnalités socialistes, dont des proches du Premier ministre. RAPPROCHEMENT AVEC LES ÉCOLOGISTES Le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, a indirectement répondu lundi à Manuel Valls en évoquant au siège du Parti socialiste la nécessaire "prise en compte" du vote, notamment par l'accélération de la lutte contre le chômage. "Les socialistes et je l'espère les écologistes et la gauche s'il y a affinité, n'ont aucune envie d'être absents du second tour de l'élection présidentielle", a-t-il déclaré. La secrétaire nationale d'EELV, Emmanuelle Cosse, a été reçue la première par le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis, au siège de la formation majoritaire. "Un Français sur quatre a voté Front national au premier tour des élections départementales. Il faut que la gauche et les écologistes trouvent le moyen de travailler ensemble, d'avoir un véritable dialogue et des actes qui nous sortent de ce qui a été fait depuis deux ans et demi", a-t-elle dit. Jean-Christophe Cambadélis s'est montré optimiste. "Le dialogue est renoué entre le Parti socialiste et Europe-Ecologie-Les Verts", a-t-il dit après la réunion en estimant que "des pistes [avaient] été dégagées pour faire en sorte que l'unité se construise." Quatre groupes de travail ont été mis en place sur la situation économique, les questions environnementales, la réponse à la montée du FN et les questions électorales. Emmanuelle Cosse a été plus prudente. "Si rassemblement il doit y avoir, il doit se faire sur un projet qui répond aux angoisses des Français", a-t-elle expliqué. "La question, ce sont les actes, le projet, le contenu de ce qui peut faire une politique commune." Le chef du groupe écologiste au Sénat, Jean-Vincent Placé, a lui aussi été reçu par les dirigeants du PS et a annoncé qu'il rencontrerait Manuel Valls. "Il faut aller vers l'unité et le rassemblement de la gauche et des écologistes, c'est le message le plus important", a-t-il estimé. "Sans cela, nous faisons le lit, la fortune de l'UMP et du Front national." Les écologistes sont très divisés sur leur coopération avec le PS et sur un éventuel retour des leurs au gouvernement. (Avec Emmanuel Jarry)