Michel Djotodia poussé à la démission en Centrafrique

par John Irish N'DJAMENA/PARIS (Reuters) - Le président centrafricain par intérim Michel Djotodia sera prié jeudi de démissionner par ses pairs africains afin de faciliter une sortie de crise, a-t-on appris mercredi auprès de sources à Bangui et Paris. Son départ pourrait être entériné lors d'un sommet de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale convoquée à N'Djamena et annoncé au Tchad ou au retour de Michel Djotodia à Bangui, a-t-on ajouté. "C'est terminé pour lui maintenant", a déclaré un membre de l'entourage de Michel Djotodia. Un porte-parole du président a toutefois démenti tout projet de démission. Un haut responsable de la diplomatie française a déclaré à Paris que le président tchadien Idriss Déby, jusqu'ici soutien du président centrafricain par intérim, avait lâché son protégé. Le sommet de N'Djamena devrait débattre des options avant une deuxième réunion prévue samedi à Bangui pour discuter des détails de la transition, ont dit des diplomates. Après le renversement de François Bozizé en mars dernier, Michel Djotodia a progressivement perdu le contrôle des combattants de la Séléka, essentiellement musulmans, qu'il commandait et son maintien au pouvoir fait débat. Les exactions des Séléka ont conduit à l'émergence de milices chrétiennes baptisées anti-balaka, provoquant des affrontements interethniques qui ont incité la France à lancer l'opération Sangaris il y a un mois. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait évoqué la possibilité d'un départ de Michel Djotodia dans une interview publiée mercredi par Le Parisien. "Il est envisagé que les pays de la région (Afrique centrale) se réunissent jeudi pour prendre des décisions", a-t-il dit selon le texte validé par le Quai d'Orsay. DJOTODIA PAS EN ODEUR DE SAINTETÉ À PARIS De source diplomatique française, on souligne que Paris souhaite que le président par intérim quitte le pouvoir le plus vite possible pour faciliter une sortie de crise. "Djotodia et nous, ce n'est pas une histoire d'amour. Plus vite il partira, mieux on se portera", déclare ce diplomate. A Bruxelles, Catherine Ashton, porte-parole de la diplomatie européenne, a proposé mercredi qu'un contingent de l'UE soit déployé rapidement, a-t-on appris de sources diplomatiques. Le déploiement d'une telle force, dont les effectifs seraient de 700 à 1.000 hommes, soulagerait la France, qui a invité ses partenaires à faire davantage pour épauler les 1.600 membres de l'opération Sangaris. Les différentes options proposée par Catherine Ashton seront débattues pour la première fois vendredi. Si l'une d'elle emporte l'adhésion des "28", qui doivent se prononcer à l'unanimité, ce contingent pourrait être déployé en quelques semaines, selon un diplomate ayant requis l'anonymat. Un mois après le début de l'opération Sangaris, Laurent Fabius refuse de parler d'enlisement malgré les tensions qui subsistent et un drame humanitaire. "La situation est difficile mais on ne doit certainement pas parler d'enlisement. Que se serait-il passé si nous n'étions pas intervenus ? Probablement, dix fois, cinquante fois plus de victimes !", estime-t-il dans l'interview. "Des problèmes existent, la situation politique n'est pas stabilisée, mais l'objectif doit être maintenu : désarmer impartialement, rétablir la sécurité, faciliter l'aide humanitaire, préparer la transition politique. Personne ne pouvait penser qu'en un mois tout serait réglé." Prié de dire si la France allait renforcer son contingent de 1.600 hommes présents en Centrafrique, le chef de la diplomatie française explique que les Français n'ont pas "vocation à (se)substituer" aux 6.000 soldats africains de la Misca. Avec Ange Aboa a Abidjan et Jean-Philippe Lefief à Paris