Le procureur général du Venezuela promet la prison aux manifestants

Le Venezuela traquera et emprisonnera les chefs de file des violentes manifestations qui agitent le pays depuis le mois d'avril, a annoncé jeudi son nouveau procureur général Tarek Saab (photo), à la veille du vote probable d'une nouvelle loi alimentant les craintes d'un durcissement des autorités. /Photo prise le 16 août 2017/REUTERS/Marco Bello

(Reuters) - Le Venezuela traquera et emprisonnera les chefs de file des violentes manifestations qui agitent le pays depuis le mois d'avril, a annoncé jeudi son nouveau procureur général, à la veille du vote probable d'une nouvelle loi alimentant les craintes d'un durcissement des autorités. Cette nouvelle loi "contre la haine et l'intolérance" devrait être adoptée ce vendredi par la nouvelle assemblée constituante entrée en fonctions en début de mois et acquise au président Nicolas Maduro. "Ce sera une question d'honneur pour le parquet d'identifier qui est responsable de chaque crime de haine qui a été commis dans ce pays", a dit le nouveau procureur général, Tarek Saab, devant l'assemblée, qui l'a nommée à ce poste. "Nous fouillerons les caméras, les vidéos, les photographies. Nous obtiendrons les images de chacun d'entre eux afin de garantir qu'ils paient pour avoir tué, pour avoir fait du mal aux gens et laissé des orphelins dans leur sillage", a-t-il ajouté, récoltant une ovation debout. Les affrontements liés au mouvement de contestation contre Nicolas Maduro ont fait plus de 120 morts depuis avril au Venezuela. Dans un rapport rendu public le 8 août, le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme dit avoir enquêté sur 124 décès et en avoir attribué 46 aux forces de sécurité et 27 à des groupes armés progouvernementaux. Des doutes persistent sur les 51 autres. Aux termes de la nouvelle loi qui devrait être adoptée vendredi, les personnes jugées coupables d'incitation à la haine et à l'intolérance risquent jusqu'à 25 ans de prison. Des organisations de défense des droits de l'homme comme Human Rights Watch jugent que cette législation va donner carte blanche aux autorités pour faire taire l'opposition avant les élections des gouverneurs de province en octobre. L'opposition est majoritaire au parlement monocaméral et elle a boycotté l'élection de l'assemblée constituante, dotée de larges pouvoirs, notamment celui de permettre à Nicolas Maduro de gouverner par décrets. (Hugh Bronstein; Bertrand Boucey pour le service français)