Le processus de négociations syrien menacé d'un blocage durable
GENEVE (Reuters) - Les négociations sur la paix en Syrie risquent de ne pas reprendre avant au moins un an si elles sont abandonnées maintenant, a prévenu mercredi un haut diplomate occidental, après l'ajournement sine die par l'opposition syrienne de sa participation. La reprise d'intenses combats a mis à mal l'accord de "cessation des hostilités" entré en vigueur il y a six semaines à l'initiative de la Russie et des Etats-Unis dans le but affiché de permettre le bon déroulement de pourparlers de paix entre l'opposition et le régime de Bachar al Assad. Conduites sous les auspices des Nations unies à Genève, ces discussions apparaissent toutefois fortement compromises désormais. Riad Hidjab, principal coordinateur du Haut Comité des négociations (HCN) mis en place par l'opposition syrienne, a annoncé mardi son départ de Genève, estimant qu'il n'y avait plus de trêve en Syrie et qu'il ne pouvait être question de négocier tant que le peuple syrien souffre. Le HCN a donc reporté sine die sa participation aux négociations, sans toutefois quitter complètement la table, de crainte d'être accusé de causer l'échec des pourparlers. "Si ça se finit maintenant, ce sera fini pour au moins un an (...) les Russes vont tout passer au rouleau compresseur, en profitant du vide laissé par les Etats-Unis", estime un diplomate occidental en référence aux échéances électorales qui pourraient détourner Washington du conflit. "Il y aura trois millions de réfugiés et des milliers de morts supplémentaires", ajoute-t-il. "Si nous quittons tous Genève, je ne vois pas le processus continuer." Un arrêt total du processus engagé à Genève pourrait aussi créer un vide diplomatique permettant une nouvelle escalade des combats. François Hollande a demandé lundi aux parties impliquées dans le conflit syrien de tout faire pour favoriser le maintien du cessez-le-feu sur le terrain. Une rencontre informelle entre Angela Merkel, Barack Obama, François Hollande et les dirigeants britannique et italien, David Cameron et Matteo Renzi, lundi prochain à Hanovre pourrait être l'occasion d'organiser une réunion ministérielle sur le dossier syrien dans les deux semaines à venir, a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault. L'Onu s'est déclarée pour sa part très inquiète pour le sort de plus de 40.000 Syriens qui ont fui les combats dans les environs de la grande ville du Nord syrien, Alep. (John Irish et Stephanie Nebehay, avec Tom Perry à Beyrouth, Julie Carriat pour le service français, édité par Marc Angrand)