Le gouvernement palestinien d'union prend la relève à Gaza

par Nidal al-Mughrabi JÉRUSALEM (Reuters) - Le Premier ministre de l'Autorité palestinienne s'est rendu lundi dans la bande de Gaza pour sceller la réconciliation avec le Hamas, qui contrôle l'enclave depuis dix ans. Lors de la cérémonie organisée pour l'accueillir, Rami Hamdallah a annoncé que son gouvernement prenait la relève administrative et assumait désormais "la responsabilité de la sécurité et des points de passages comme des frontières". Le Hamas, qui tient la bande de Gaza depuis le bref conflit armé de 2007 avec le Fatah de Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, a annoncé en septembre le démantèlement de l'exécutif local et a invité le gouvernement d'union, dont la formation a été décidée en 2014, à prendre la relève. Trois mille membres de la police du Fatah seront intégrés progressivement au sein de la police de Gaza sous la supervision du ministère de l'Intérieur dirigé par Rami Hamdallah lui-même. L'aile militaire du Hamas, qui serait formée de 25.000 hommes bien équipés, restera toutefois la force dominante de l'enclave, peuplée de deux millions d'habitants. "Nous revenons à Gaza afin de réussir la réconciliation et l'unité nationale, de mettre fin aux divisions douloureuses et de reconstruire Gaza pierre par pierre", a déclaré Rami Hamdallah à son arrivée. LA QUESTION DES ARMES "Abbas nous a donné pour instruction de dire au monde que l'Etat palestinien ne doit pas et ne peut pas être instauré sans l'unité géographique et politique de Gaza et de la Cisjordanie", a-t-il ajouté. Côté israélien, on minimise la portée de l'événement. "Cela se produit tous les deux ou trois ans", a commenté Michael Oren, vice-ministre chargé de la diplomatie, rappelant que le Hamas reste voué à la destruction de l'Etat d'Israël. "L'une des questions est de savoir si le Hamas pourra conserver ses armes. Si tel est le cas, alors c'est sans intérêt pour Israël", a-t-il ajouté. Lors d'un déjeuner en compagnie de Rami Hamdallah, Ismaïl Haniyeh, chef de file du Hamas, a réaffirmé les exigences du mouvement, qui réclame l'instauration d'un Etat "sur l'ensemble du territoire palestinien avec Jérusalem pour capitale et le retour des réfugiés sur leurs terres et dans leurs foyers". Le gouvernement d'union doit se réunir mardi à Gaza. "L'ordre du jour est plein d'idées et de projets", a souligné le ministre de la Culture, Ehad Bseisso. Outre la date des élections présidentielle et législatives, l'exécutif devra décider du sort des 40.000 à 50.000 membres de l'administration mise sur pied par le Hamas. "La route est encore longue et difficile, mais il ne faut pas laisser passer l'élan de réconciliation et de paix", écrit Nikolaï Mladenov, coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, sur Twitter. (Avec Dan Williams à Jérusalem, Nicolas Delame et Jean-Philippe Lefief pour le service français)