Le Premier ministre japonais présente ses projets sur la défense

TOKYO (Reuters) - Des textes de loi prévoyant de profonds changements dans la politique de défense du Japon, susceptibles de permettre aux troupes nippones de combattre à l'étranger, ont été approuvés mercredi par une commission de la chambre basse du parlement. Le Premier ministre, Shinzo Abe, estime qu'une plus grande audace en matière de défense est essentielle pour faire face aux nouveaux défis, comme la montée en puissance de la Chine. Pour ses détracteurs, les changements à l'étude violent la Constitution pacifiste du pays et pourraient engager le Japon dans des conflits à travers le monde. Les députés de la coalition de gouvernement ont approuvé les textes à l'issue d'un débat très animé, les élus de l'opposition criant et brandissant des pancartes où on pouvait lire : "Abe est impardonnable" et "Non au passage en force des projets de loi!" Ces projets de loi devraient être adoptés cette semaine en séance plénière par la chambre basse, où la coalition au pouvoir dispose d'une majorité écrasante, avant d'être examinés par la chambre haute. Shinzo Abe, qui s'efforce de relancer l'économie et d'infléchir la politique de défense de Tokyo, affronte là un des défis les plus importants de son mandat, entamé en décembre 2012. Sa cote de popularité est en recul, les électeurs s'inquiétant de ses projets en matière militaire. Le taux de mécontents a progressé de cinq points en juillet, à 42%, tandis que 39% se déclarent satisfaits de son action, selon un sondage rendu public lundi par le journal Asahi. En outre, 56% des personnes interrogées se disent hostiles aux projets de Shinzo Abe dans le domaine militaire. "Certains, au sein de la vieille garde politique, commencent à pronostiquer que, comme son grand-père (Nobusuke) Kishi, il pourrait atteindre son objectif mais devoir démissionner", estime un analyste politique indépendant, Minoru Morita. Nobusuke Kishi, qui fut Premier ministre de 1957 à 1960, démissionna voici 55 ans jour pour jour, le 15 juillet 1960, en raison de la colère de l'opinion publique face à l'adoption au parlement d'un nouveau traité de coopération mutuelle et de sécurité entre les Etats-Unis et le Japon. (Linda Sieg, Eric Faye pour le service français)