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Le président ukrainien va travailler à un cessez-le-feu

par Alexei Anishchuk et Natalia Zinets MINSK (Reuters) - Le président ukrainien, Petro Porochenko, a promis dans la nuit de mardi à mercredi, à l'issue d'un tête-à-tête avec Vladimir Poutine à Minsk, de travailler dans le but de trouver le plus rapidement possible un accord de trêve avec les séparatistes de l'est du pays. Le président russe a lui aussi jugé que ce rendez-vous, le premier entre les deux hommes depuis les commémorations du débarquement du 6 juin 1944 en Normandie, avait été positif. Vladimir Poutine a malgré tout précisé qu'il incombait à Kiev de s'entendre avec les insurgés sur les conditions d'un éventuel cessez-le-feu. Autrement dit: Moscou n'a pas, selon lui, à intervenir directement dans les pourparlers. "Nous n'avons pas discuté de cette question en profondeur et nous, la Russie, ne pouvons pas discuter en profondeur des conditions d'une trêve et des accords entre Kiev, Donetsk et Louhansk", a-t-il dit mercredi à la presse. "Ce n'est pas à nous de le faire, c'est à l'Ukraine", a insisté Vladimir Poutine. Voilà à quoi se résume, selon le président russe, le rôle du Kremlin: "Nous pouvons seulement contribuer à créer une atmosphère de confiance en vue d'établir un possible - et à mon avis absolument nécessaire - processus de négociations." Petro Porochenko va désormais travailler sur la question, a-t-il dit. "Une feuille de route va être préparée pour mener aussi vite que possible à un cessez-le-feu qui doit absolument être bilatéral", a déclaré le président ukrainien dans un communiqué, ajoutant que les négociations avaient été "difficiles et complexes". Globalement, les entretiens de Minsk se sont achevés sur une note plutôt positive mais rien ne dit que les rebelles pro-russes accueilleront favorablement l'idée d'un cessez-le-feu, et encore moins sur quelles modalités ils pourraient s'entendre. Et, en insistant sur le fait qu'il s'agissait à ses yeux d'une affaire ukraino-ukrainien, Vladimir Poutine a éludé l'un des principaux points de divergence: les accusations lancées par Kiev, selon lesquelles la Russie envoie des armes et des combattants de l'autre côté de la frontière. DISCUSSIONS SUR LE GAZ Toujours est-il que les présidents ukrainien et russe se sont livrés à un geste rare dans les circonstances actuelles: une poignée de main. Avant de discuter seul à seul pendant deux heures, Petro Porochenko et Vladimir Poutine ont participé pendant six heures à des discussions avec des représentants de l'Union européenne et les dirigeants biélorusse et kazakh. Cette réunion avait pour but, notamment, de mettre fin à cinq mois dd'un conflit qui a envenimé les relations entre la Russie et les pays occidentaux et fait plus de 2.200 morts, selon un bilan de l'Onu. "Nous voulions tous obtenir une avancée", a déclaré Alexandre Loukachenko, président biélorusse et hôte de ce sommet, après la première série de discussions. "Mais le seul fait de tenir cette réunion aujourd'hui est déjà un succès, sans aucun doute", a-t-il ajouté. "Les discussions ont été difficiles. Les positions des parties divergent, parfois fondamentalement (...) Tout le monde convient de la nécessité d'une désescalade et d'une libération des otages." Catherine Ashton, représentante de la diplomatie européenne, a fait un constat similaire: "C'était cordial, mais positif", a-t-elle dit. Signe d'un apaisement relatif: Vladimir Poutine a déclaré s'être entendu avec son homologue ukrainien pour renouer les discussions sur la question épineuse du gaz. "Nous devons renouer le dialogue sur l'énergie, y compris au sujet des problèmes qui concernent le gaz. Pour être honnête, c'est une question compliquée, nous sommes dans une impasse mais nous devons en parler", a déclaré le président russe. Selon Günther Oettinger, commissaire européen à l'énergie des consultations devraient avoir lieu vendredi à Moscou en présence de délégués russes, ukrainiens et européens. (Avec Andrei Makhovsky, Alessandra Prentice, Richard Blamforth, Pavel Polityuk, Thomas Grove et Anton Zverev; Simon Carraud pour le service français, édité par Tangi Salaün)