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Gattaz veut explorer la piste d'un "smic intermédiaire"

Le président du Medef, Pierre Gattaz, a estimé mardi que la création en France d'un "smic intermédiaire" à titre temporaire, qui permettrait aux jeunes d'entrer sur le marché du travail ou aux personnes en difficulté de sortir du chômage, était une piste à explorer. /Photo prise le 18 février 2014/REUTERS/Benoit Tessier

PARIS (Reuters) - Le président du Medef a estimé mardi que la création d'un "smic intermédiaire" à titre temporaire, qui permettrait aux jeunes d'entrer sur le marché du travail ou aux personnes en difficulté de sortir du chômage, était une piste à explorer. "Par rapport au niveau de chômage que nous avons, il faut tout mettre sur la table, ne pas avoir de tabous. Ça fait partie des pistes à explorer", a dit Pierre Gattaz lors de son point de presse mensuel. Pour le dirigeant patronal, le niveau élevé du smic "pose problème" car il constitue "une marche d’escalier à monter en France" pour les entreprises. "Une solution consisterait (...), quand on recherche du travail, quand on n'en trouve pas, quand on est jeune ou dans certaine configuration, à rentrer dans une entreprise avec un salaire adapté de façon transitoire, pas forcément le niveau du smic", a-t-il dit. La ministre chargée de la Jeunesse, Najat Vallaud-Belkacem, a exclu que le gouvernement retienne cette proposition. "Cette vieille idée d'un smic jeune, d'une précarisation de la jeunesse (...), le gouvernement ne la retiendra pas", a-t-elle dit à la presse dans les couloirs de l'Assemblée nationale. "J'accorde trop d'importance à l'emploi des jeunes pour céder aux facilités de langage et parfois aux provocations un peu inutiles. L'emploi des jeunes mérite mieux que cela". Laurence Parisot, à qui Pierre Gattaz a succédé à la tête du Medef, a estimé pour sa part dans un tweet que "proposer un salaire en dessous du smic s'apparente à une logique esclavagiste". DES ÉCONOMISTES CONTRE LE SMIC Le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, a dénoncé de son côté une "proposition indécente", ajoutant qu'elle devrait "faire réfléchir le gouvernement qui accède très facilement aux revendications du Medef". La question du smic a été remise sur le devant de la scène par les économistes Philippe Aghion, Gilbert Cette et Elie Cohen, qui estiment que le salaire minimum français, un des plus élevés en Europe, est un frein à l'embauche autant qu'une machine à fabriquer des travailleurs pauvres du fait des importantes exonérations de charges qui l'accompagnent. Les trois économistes ont été reçus à déjeuner mardi par François Hollande, pour lequel ils ont travaillé pendant sa campagne électorale. Une autre personnalité proche des socialistes, l'ancien directeur général de l'Organisation mondiale du Commerce Pascal Lamy, a plaidé de son côté pour la création de "petits boulots" payés en-dessous du smic. "Quelqu’un qui a le pied dans l’entreprise est à moitié sauvé et c’est beaucoup mieux que de le garder au chômage", a dit Pierre Gattaz pour défendre l'idée d'un "smic intermédiaire temporaire". Interrogé sur l'échec des précédentes tentatives de création d'un smic jeunes sous les gouvernements d'Edouard Balladur et de Dominique de Villepin, le président du Medef a estimé que la gravité de la situation changeait la donne. "Nous sommes au bord du précipice, nous avons les plus mauvais indicateurs de toute l’Europe en termes de croissance et de chômage", a-t-il dit, en ajoutant que le pragmatisme, plutôt que la doctrine et le dogme, devait être privilégié pour la création d'emplois. (Yann Le Guernigou, édité par Sophie Louet)