Le président afghan refuse la démission de sa hiérarchie sécuritaire

Le président afghan, Ashraf Ghani (photo), a rejeté dimanche la démission de trois hauts responsables de son appareil de sécurité. /Photo prise le 15 juillet 2018/REUTERS/Mohammad Ismail

KABOUL (Reuters) - Le président afghan a rejeté dimanche la démission de trois hauts responsables de son appareil de sécurité, dont les ministres de la Défense et de l'Intérieur, a annoncé le gouvernement.

Les ministres de la Défense Tariq Shah Bahrami et de l'Intérieur Wais Barmak, ainsi que le chef de la Direction nationale de la sécurité, Masoom Stanekzai, avaient présenté leur démission samedi dans la foulée de celle du conseiller à la sécurité nationale d'Ashraf Ghani.

Le porte-parole du gouvernement, Haroon Chakansuri, a indiqué que le chef de l'Etat avait demandé aux trois responsables de poursuivre leur mission pour "améliorer la situation sécuritaire".

Selon des sources au ministère de l'Intérieur, cette vague de démissions était motivée par des désaccords sur la stratégie gouvernementale face à la détérioration des conditions de sécurité dans le pays.

La démission du conseiller à la sécurité nationale d'Ashraf Ghani, Hanif Atmar, s'expliquerait aussi par des divergences de vue sur l'attitude à adopter face aux taliban, mais aussi par sa volonté d'être candidat à l'élection présidentielle de 2019.

Hanif Atmar, qui a 49 ans, était considéré comme le deuxième personnage le plus puissant de l'Etat en Afghanistan depuis sa nomination en 2014 à la tête du conseil de sécurité nationale.

Auparavant ministre de l'Intérieur sous l'ancien président Hamid Karzaï, il avait été limogé en 2010 après l'attaque d'un forum de paix destiné à mettre fin à la guerre avec les taliban.

Les motifs de discorde entre Ashraf Ghani et Hanif Atmar n'ont pas été dévoilés mais la démission du conseiller intervient deux jours après la décision du gouvernement de bouder une conférence de paix sur l'Afghanistan organisée le 4 septembre à Moscou par la Russie et à laquelle participeront des représentants des taliban.

Atmar, qui a débuté sa carrière avec le gouvernement afghan soutenu par les Soviétiques à la fin des années 1980, est jugé proche de Moscou.

(Hamid Shalizi et Abdul Qadir Sediqi; Jean-Stéphane Brosse et Tangi Salaün pour le service français)