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Le président tchèque Milos Zeman réélu pour cinq ans

par Robert Muller et Jan Lopatka

PRAGUE (Reuters) - Milos Zeman a été réélu président de la République tchèque en devançant samedi au second tour de l'élection présidentielle son rival pro-européen Jiri Drahos, qui a reconnu sa défaite.

Le chef de l'Etat sortant totalise 51,4% des voix et Jiri Drahos 48,6%.

"Je voudrais féliciter le vainqueur de l'élection, Milos Zeman", a déclaré Jiri Drahos, universitaire de 68 ans, à ses partisans rassemblés dans la capitale, Prague.

"Nous n'avons pas gagné, mais nous n'avons pas perdu non plus. Je suis formidablement heureux de cette immense vague d'énergie", a lancé Drahos avant d'ajouter: "Je suis persuadé que cette énergie ne disparaîtra pas".

Favorable à un rapprochement avec Moscou et hostile à la politique d'accueil des migrants de l'Union européenne, Milos Zeman va entamer à 73 ans un second mandat de cinq ans. Il avait obtenu 38,6% des voix au premier tour.

"C'est ma dernière victoire politique, il n'y aura pas de défaite politique", a dit Milos Zeman à la foule de ses partisans.

Le président de la république s'est allié avec le milliardaire Andrej Babis, dont le parti, Ano, a remporté les législatives d'octobre dernier sans atteindre la majorité absolue et qu'il a chargé mercredi de former un nouveau gouvernement, après un premier échec du dirigeant populiste à obtenir la confiance du Parlement.

POLARISATION

Fort de ses 26,6% au premier tour, Jiri Drahos avait de son côté obtenu le ralliement de la plupart des autres candidats, mais il n'a pas su mobiliser suffisamment dans les grandes villes pour donner raison aux derniers sondages, qui lui prédisaient une courte victoire.

L'élection a illustré la polarisation de la vie politique en République tchèque, entre un camp progressiste et libéral et un camp nationaliste et conservateur.

Milos Zeman a été un des rares dirigeants européens à soutenir la candidature de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine de 2016.

Le chef de l'Etat, qui a le pouvoir de nommer les juges, les banquiers centraux et de désigner le Premier ministre, partage aussi avec d'autres gouvernements d'Europe centrale le refus d'accueillir des migrants en provenance de pays musulmans, même si la République tchèque n'a reçu que 116 demandes d'asile entre janvier et novembre de l'an dernier.

Jiri Drahos, professeur de chimie âgé de 68 ans et ancien directeur de l'Académie des sciences, est lui aussi opposé aux quotas de répartition de migrants que l'Union européenne cherche en vain à imposer aux pays membres, mais il plaidait pour de meilleures relations avec les partenaires européens de Prague.

(Jean-Stéphane Brosse, Tangi Salaün et Eric Faye pour le service français)