Le plan "Pace" d'Opel prévoit une convergence avec PSA dès 2024

par Laurence Frost et Gilles Guillaume

RUSSELSHEIM/PARIS (Reuters) - Opel/Vauxhall, désormais contrôlé par PSA, a présenté jeudi son plan de redressement "Pace" qui doit permettre à l'ancienne filiale européenne de General Motors de retrouver la rentabilité en 2020, en accélérant notamment la convergence de ses véhicules avec ceux du groupe français.

Largement inspiré du propre plan "Back in the race" grâce auquel PSA est sorti de sa dernière grave crise financière, il prévoit une réduction drastique de 700 euros des coûts par voiture, une vaste simplification au niveau de l'ingénierie et une amélioration de la compétitivité des usines, qui devraient toutes être maintenues.

Carlos Tavares a souligné que la santé financière d'Opel avait continué à se dégrader pendant l'élaboration de son plan de redressement.

"Opel est confronté à une situation dramatique, il n'y a pas de temps à perdre", a déclaré le président du directoire de PSA lors d'une conférence de presse conjointe avec le CEO d'Opel, Michael Lohscheller.

Vers 14h19, le titre du constructeur français accusait un recul de -2,53% à 19,62 euros, sous-performant l'indice CAC 40 (-0,94%).

"La réussite du redressement d'Opel est largement anticipée, mais il faut aussi tenir compte des risques inhérents à l'exécution d'un tel plan", commente EvercoreISI dans une note. "Si PSA a prouvé qu'il sait réduire ses coûts, tout dépendra de la capacité et de la volonté du management d'Opel/Vauxhall à mener à bien la stratégie de restructuration."

L'accélération de la convergence peut suggérer que PSA et Opel devront faire davantage pour atteindre les synergies dévoilées pour la première fois en mars, lors de l'annonce d'un accord pour racheter la filiale déficitaire de GM pour une valeur d'entreprise de 2,2 milliards d'euros.

Opel et sa cousine britannique Vauxhall adopteront les architectures véhicules du groupe PSA plus rapidement qu'initialement prévu, dès 2024 sur toutes leurs voitures. Lors de l'annonce du projet de rachat d'Opel en mars dernier, l'horizon évoqué pour cette convergence technique tournait plutôt autour de 2027.

Opel a par ailleurs répété les objectifs d'une marge opérationnelle courante de 2% pour sa division automobile d'ici 2020, puis de 6% d'ici 2026, ainsi que de synergies annuelles avec PSA de 1,1 milliard d'euros d'ici 2020 et 1,7 milliard d'ici 2026.

UN PLAN INSPIRÉ DE LA RESTRUCTURATION DE PSA

"Pace" vise à ramener le point mort financier à 800.000 véhicules par an et à retrouver un free cash flow opérationnel positif pour un constructeur qui ne cesse de brûler du cash et dont les pertes cumulées entre 1999 et 2016 atteignent 16 milliards de dollars.

"Ce plan ressemble comme deux gouttes d'eau à 'Back in the race', à une époque où PSA était à peur près dans la même situation qu'Opel", déclare Franck Don, représentant CFTC. "Nous sommes déjà passé par là, et nous avons donc un très bon espoir sur l'avenir d'Opel."

Il se dit prêt à rencontrer ses homologues syndicaux allemands pour leur faire partager son expérience en prévision des discussions serrées qui vont accompagner la restructuration d'Opel.

Opel prévoit des programmes de départs volontaires ou des retraites anticipées mais veut éviter les départs contraints.

La CGT s'inquiète de son côté des répercussions pour les centres de R&D de PSA à Vélizy et Sochaux de l'annonce que le centre de R&D d'Opel à Russelsheim deviendra un centre de compétence global du groupe PSA.

L'apport de PSA va permettre à Opel de tenir ses objectifs européens de réduction des émissions de CO2, une mission qui s'annonçait impossible à l'horizon 2020-21 avec les moteurs développés sour l'ère GM, et de revenir dans la course en matière d'hybridation et d'électrification des moteurs.

L'apport d'Opel a quant à lui déjà permis à PSA d'accélérer sa croissance au troisième trimestre, avec une hausse de 31,4% du chiffre d'affaires contre +11,6% pour les trois marques françaises du groupe. L'ajout d'une marque allemande doit aussi permettre au groupe sochalien d'accélérer sur ce marché, très hermétique pour la plupart des marques étrangères.

Interrogé en marge d'une téléconférence sur le positionnement de la marque Opel par rapport à Peugeot, Citroën et DS, Michael Lohscheller a simplement répondu: "La complémentarité est parfaite en terme de positionnement avec les marques de PSA".

Pour éviter qu'elles ne se cannibalisent, PSA a donné à ses trois marques une identité bien distincte: à Peugeot le haut de gamme généraliste, dominé actuellement par Volkswagen, à DS le premium pour chasser sur les terres d'Audi et à Citroën une offre originale et abordable, avec en ligne de mire Ford Europe. Or comme Citroën, le positionnement d'Opel en terme de prix est inférieur à Peugeot.

"Opel ajoute de la germanitude au portefeuille du groupe", a poursuivi Michael Loshcheller au cours de la conférence de presse.

Opel lancera au moins deux nouvelles voitures sur base PSA en 2019, dont la citadine Corsa devenue cousine de la Peugeot 208 et un plus grand SUV produit en Allemagne. Une voiture de la taille d'une grande berline suivra, sur un total de neuf nouvelles carrosseries d'ici 2020.

Le plan doit aussi permettre à la nouvelle marque de PSA de se développer hors d'Europe, où General Motors l'a jusqu'ici largement cantonnée.

(Edité par Cyril Altmeyer et Bertrand Boucey)