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Le Pen veut une révision de la gouvernance de l'euro

Marine Le Pen s'est déclarée jeudi prête à renoncer complètement à la sortie de l'euro, l'un des points majeurs de son programme lors de la dernière campagne présidentielle, à condition d'obtenir une révision de la gouvernance de la monnaie unique. /Photo prise le 13 janvier 2019/REUTERS/Christian Hartmann

NANTERRE, Hauts-de-Seine (Reuters) - Marine Le Pen s'est déclarée jeudi prête à renoncer complètement à la sortie de l'euro, l'un des points majeurs de son programme lors de la dernière campagne présidentielle, à condition d'obtenir une révision de la gouvernance de la monnaie unique.

L'abandon de l'euro "n'est plus une priorité", a confirmé la présidente du Rassemblement national (ex-Front national), en marge de la présentation de ses voeux à la presse.

Depuis un aggiornamento réalisé à l'été 2017, c'est la position officielle du parti d'extrême droite, toujours déterminé à rendre à la France sa "souveraineté monétaire" mais seulement à la fin d'un processus de plusieurs années.

Le RN a en effet identifié le sujet, jugé trop anxiogène par l'état-major, comme l'une des causes de son échec face à Emmanuel Macron. Et un repoussoir pour de potentiels alliés.

"Nous reposerons ce problème, ça ne veut pas dire que nous ne profiterons pas de ces années pour tenter de modifier la gouvernance monétaire au sein de l'Union européenne", a déclaré Marine Le Pen, pour qui la monnaie unique, dans sa gestion actuelle, demeure "un boulet pour la France".

"C'est un boulet également pour l'Italie. La gouvernance qui a été choisie, qui est une gouvernance qui vise notamment pour la BCE (Banque centrale européenne-NDLR) par exemple à ne lutter que contre l'inflation et à se refuser à lutter contre le chômage, pose un réel problème", a-t-elle ajouté.

La députée du Pas-de-Calais a également cité le "quantitative easing" (assouplissement quantitatif), un instrument monétaire utilisé par la BCE depuis la crise de 2008.

"C'est des sujets sur lesquels nous allons évidemment nous pencher avec nos alliés", a encore dit Marine Le Pen.

Autrement dit, le recouvrement de la souveraineté monétaire "ne veut plus forcément dire quitter l'euro", a précisé Jean-Lin Lacapelle, délégué national du RN, auprès de Reuters.

Ce changement de pied n'est qu'un subterfuge, selon Laurent Wauquiez, président des Républicains et concurrent de la députée sur la droite de l'échiquier politique.

"Marine Le Pen ment", a-t-il attaqué dans un message publié sur Twitter, assorti d'un lien vers un article du Figaro intitulé "Le RN abandonne la sortie de l'euro". "Retrouver notre souveraineté monétaire sans sortir de l’euro ? Assumez votre projet et arrêtez de prendre les Français pour des idiots", a poursuivi le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Aux yeux de l'ex-ministre sarkozyste Thierry Mariani, numéro trois sur la liste du RN pour les européennes du 26 mai, le changement de ton du parti sur les sujets européens était un préalable à tout ralliement.

La semaine dernière, l'ancien député LR a expliqué à la presse avoir "attendu une clarification" de l'ex-Front national pour franchir le pas. "Désormais le RN dit très clairement qu'il n'est pas question de revenir sur l'euro."

(Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)