Le Pen veut regrouper les anti-euro au Parlement européen

Marine Le Pen et le populiste néerlandais Geert Wilders (au premier plan) ont appelé mercredi les partis européens en accord avec leurs idées à créer un groupe politique au Parlement européen après les élections européennes de mai 2014. /Photo prise le 13 novembre 2013/REUTERS/Toussaint Kluiters/United Photos

par Thomas Escritt et Anthony Deutsch LA HAYE (Reuters) - Marine Le Pen et le populiste néerlandais Geert Wilders ont appelé mercredi les partis européens en accord avec leurs idées à créer un groupe politique au Parlement européen après les élections européennes de mai 2014. Par cette initiative, lancée lors d'une conférence de presse à La Haye, la présidente du Front national (FN) et le fondateur du Parti pour la liberté (PVV) veulent gagner une stature européenne et surfer sur la vague de défiance envers Bruxelles au sein des opinions française et européenne. "Le temps où les mouvements patriotes étaient divisés, étaient impressionnés, parfois terrorisés par la diabolisation, est terminé. Nous, les partis patriotes qui avons des points communs essentiels dans le combat commun contre l'UE, nous allons mettre nos forces en commun", a déclaré Marine Le Pen. "Nous espérons pouvoir constituer une force commune après l'élection européenne", a-t-elle ajouté. Pour pouvoir être constitué, un groupe au Parlement européen doit comprendre 25 membres minimum provenant d'au moins un quart des 28 Etats membres. La présidente du FN s'est rendue au Parlement néerlandais avec Geert Wilders, où les attendaient des manifestants brandissant des pancartes où l'on pouvait lire : "Pas de place pour le racisme". Geert Wilders, qui a parlé de "journée historique" et a présenté Marine Le Pen à la presse comme une amie, a dit espérer que le Front national arrive en tête en France aux élections européennes et souligné qu'il était peut-être ce mercredi aux côtés "d'un des prochains présidents français." Le chef du Parti de la liberté s'est déjà rendu à Paris cette année à l'invitation de Marine Le Pen qui voulait le persuader de rejoindre l'Alliance européenne pour la liberté, une fédération de partis souverainistes et populistes dont font notamment partie le FPÖ autrichien et le Vlaams Belang belge. La création d'un important groupe populiste au Parlement européen pourrait bouleverser la donne, notamment en matière de moyens financiers. Les chiffres de 2013 montrent que les principaux groupes au Parlement européen ont reçu chacun plus d'un million d'euros. "LE MONSTRE DE BRUXELLES" Marine Le Pen a à nouveau évoqué son projet d'alliance mercredi à La Haye, qui se fera contre une Union européenne qu'elle a décrite comme "un système très puissant qui a mis nos différents peuples en esclavage". "Nous travaillons ensemble contre le fait que c'est Bruxelles qui décide tout", a confirmé Geert Wilders. "Nous libérerons l'Europe du monstre de Bruxelles." "Le but est de convaincre tous les partis critiques envers l'Europe de la nécessité de peser sur le processus politique européen", avait dit Ludovic de Danne, conseiller aux Affaires européennes de Marine Le Pen, avant la rencontre de La Haye. "Nous anticipons excellents résultats (au scrutin de 2014)". Dans un sondage Ifop pour Le Nouvel Observateur réalisé début octobre, le Front national arriverait en tête aux élections européennes avec 24% des intentions de vote, devançant nettement l'UMP et le Parti socialiste. Les analystes sont toutefois sceptiques sur la viabilité d'une alliance de partis d'extrême droite. Le Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (Ukip), qui compte 13 députés au Parlement européen, a réaffirmé mercredi qu'il n'avait pas l'intention de s'allier avec le FN. "Il n'y aura aucune alliance avec le Front national et nous ne siégerons pas dans le même groupe parlementaire au Parlement européen", a déclaré un porte-parole de l'Ukip. Le PVV de Geert Wilders, qui a essuyé une déconfiture aux élections législatives de l'an dernier aux Pays-Bas, a effectué depuis un rebond et est en tête des sondages d'opinion. Le Néerlandais, connu pour ses prises de position anti-islam, est financé par The Middle East Forum, une association américaine pro-israélienne basée à Philadelphie. Le Forum a financé la défense de Geert Wilders en 2010 et 2011 quand il était accusé aux Pays-Bas d'incitation à la haine raciale. Avec Sara Webb à Amsterdam, Nicholas Vinocur à Paris, Andrew Osborn à Londres et Gilbert Reihac à Strasbourg, Danielle Rouquié pour le service français, édité par Gilles Trequesser