Front commun des partis contre l'antisémitisme, RN excepté

Les grands partis politiques français ont annoncé leur participation mardi aux manifestations communes contre l'antisémitisme, à l'exception du Rassemblement national de Marine Le Pen, qui prévoit des initiatives distinctes "à haute portée symbolique". /Photo prise le 17 février 2019/REUTERS/Stéphane Mahé

PARIS (Reuters) - Tous les grands partis politiques français ont annoncé leur participation mardi aux manifestations communes contre l'antisémitisme, à l'exception du Rassemblement national, qui prévoit des initiatives distinctes "à haute portée symbolique".

De nombreuses personnalités politiques, telles que le chef du gouvernement, Edouard Philippe, plusieurs ministres de premier rang mais aussi François Bayrou, Laurent Wauquiez et François Hollande ont annoncé leur présence.

Emmanuel Macron a en revanche décliné lundi l'invitation du Parti socialiste, à l'origine de cet "appel à l'union".

Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, avait convié le chef de l'Etat à rejoindre les partis et associations, au nombre de plusieurs dizaines, qui ont appelé à dire "Ça suffit" à l'antisémitisme, invoquant l'exemple de François Mitterrand en 1990, après la profanation du cimetière juif de Carpentras.

La présidence a fait savoir qu'Emmanuel Macron, qui participe mercredi soir au dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), ne serait pas présent mardi soir.

Des rassemblements seront organisés à 19h00 (18h00 GMT) sur la place de la République, à Paris, et dans d'autres villes de France.

Parmi les grandes formations politiques, seul le RN manquera à l'appel lancé la semaine dernière, le parti d'extrême droite dénonçant dans un communiqué "une manifestation-instrumentalisation".

"Le Rassemblement national n'entend pas défiler aux côtés de formations et de dirigeants politiques qui soit n'ont rien fait depuis trente ans contre l'implantation des réseaux islamistes dans les quartiers, soit les ont encouragés", justifie-t-il.

L'ex-Front national et Marine Le Pen ont fait savoir qu'ils rendraient "hommage aux victimes des actes antisémites en prenant l'initiative de gestes à haute portée symbolique", sans dire en quoi consisteraient ces "gestes".

Olivier Faure s'était refusé à adresser son appel au RN, une formation d'extrême droite dont, selon lui, "toute l'histoire est liée justement à la question de l'antisémitisme et du racisme". Pour autant, la présidente du parti, Marine Le Pen, était la "bienvenue" parmi les manifestants.

"LES MOTS NE SUFFISENT PLUS"

RN excepté, tous les principaux partis ont paraphé l'appel, y compris La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, qui ne figurait pas parmi les premiers signataires.

La participation de l'ex-candidat à la présidentielle aux rassemblements de mardi n'est toutefois pas officiellement confirmée. Il devait s'exprimer à ce sujet mardi matin lors d'une conférence de presse à l'Assemblée.

Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, éphémère allié de Marine Le Pen dans l'entre-deux-tours de la présidentielle de 2017, a annoncé qu'il se rendrait à un rassemblement.

Geoffroy Didier, secrétaire général délégué des Républicains, a jugé lundi que le gouvernement se devait d'être "lucide sur les racines de ce nouvel antisémitisme qui est en train de grignoter la société française."

"Les mots ne suffisent plus, l'unité nationale ne suffit plus, les tweets consternés de Christophe Castaner, de Benjamin Griveaux ne suffisent plus. L'antisémitisme grandit car l'islamisme radical grandit en France et il est sur ce point urgent que le gouvernement passe des tweets aux actes", a-t-il dit lors d'un point de presse.

Les faits antisémites ont augmenté de 74% l'an dernier, passant de 311 en 2017 à 541 en 2018, après deux années de baisse, selon le ministère de l'Intérieur.

Les injures dont a fait l'objet samedi le philosophe Alain Finkielkraut, qualifié notamment de "sale sioniste de m..." en marge d'un cortège de "Gilets jaunes" à Paris, ont donné un relief supplémentaire à ces chiffres.

(Caroline Pailliez, Simon Carraud avec Jean-Baptiste Vey et Elizabeth Pineau, édité par Sophie Louet)