Le patron de Petrobras, Pedro Parente, démissionne

par Alexandra Alper et Lisandra Paraguassu

RIO DE JANEIRO/BRASILIA (Reuters) - Le directeur général de Petrobras, Pedro Parente, a démissionné vendredi à la suite d'une intervention du gouvernement brésilien dans la politique tarifaire du groupe pétrolier pour tenter de mettre fin à une grève des chauffeurs routiers.

Il a été remplacé de façon provisoire par le directeur financier du groupe Ivan Monteiro, a-t-on appris dans l'après-midi dans l'entourage de la compagnie pétrolière.

Pedro Parente, qui a pris il y a deux ans les rênes de l'entreprise publique éclaboussée par une affaire de corruption, a réussi à réduire sa dette et à la rendre rentable.

Dans sa lettre de démission adressée au président brésilien Michel Temer, Pedro Parente a déclaré qu'il était clair qu'après la crise de la semaine dernière, de nouvelles négociations sur les prix des carburants étaient nécessaires.

"Etant donné la situation, il est devenu clair que mon maintien au poste à la direction générale de Petrobras a cessé d'être un élément positif et qu'il ne contribuera pas à trouver les solutions alternatives que le gouvernement doit envisager pour aller de l'avant", écrit-il.

Sa démission a surpris les autorités. Une source proche de la présidence avait déclaré jeudi à Reuters qu'aucune décision de ce genre n'était attendue.

Le titre Petrobras abandonnait environ 15% à la Bourse de Sao Paulo à la clôture.

La capitalisation boursière du groupe a ainsi fondu de quelque 45 milliards de reais (10 milliards d'euros), selon les calculs de Reuters.

La devise brésilienne a perdu jusqu'à 1% par rapport au dollar.

Dans un communiqué, la compagnie pétrolière brésilienne déclare que son conseil d'administration désignera un directeur général par intérim ce vendredi et que les autres membres de sa direction resteront en poste.

Une source au sein du groupe a indiqué que le conseil d'administration se réunirait à 19h00 GMT.

"BOUC ÉMISSAIRE"

Ivan Monteiro, directeur financier de la compagnie, et Solange da Silva Guedes, à la tête de la prospection et de la production, et depuis 33 ans dans la société, font partie des candidats possibles à la succession de Parente.

Pedro Parente a appelé le président Temer à se conformer aux règles de gouvernance de l'entreprise pour le choix de son successeur, ce qui interdirait toute nomination politique à ce poste.

Avant d'accepter le poste, en 2016, Parente avait demandé à pouvoir contrôler la politique tarifaire de la compagnie. Il cherchait à se rapprocher des prix pratiqués sur les marchés internationaux en ajustant presque quotidiennement les prix.

Mais le président Temer a annoncé dimanche le gel des prix du carburant sur une base mensuelle, ainsi que d'autres mesures visant à faire baisser le prix du diesel, pour tenter de satisfaire les chauffeurs routiers grévistes.

"La politique mise en place (par Parente) a été le bouc émissaire de cette crise", a estimé Roberto Castello Branco, un ancien membre du conseil d'administration de Petrobras.

"Il y avait une pression énorme sur lui", a ajouté

L'intervention du gouvernement en matière de politique tarifaire pourrait avoir été considérée par Pedro Parente comme une interférence politique à laquelle il avait toujours été opposé, et ce malgré la promesse du président Temer que le gouvernement dédommagerait le groupe Petrobras en cas de perte financière à cause de ces mesures.

Si les investisseurs et les initiés de l'industrie pétrolière ont déploré le départ de Parente, d'autres, comme le lobby des chauffeurs routiers notamment, se sont réjouis de la nouvelle.

(Catherine Mallebay-Vacqueur et Jean Terzian pour le service français)