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Le parti au pouvoir en Estonie remporte les législatives

par David Mardiste TALLINN (Reuters) - Le Parti de la réforme du Premier ministre estonien Taavi Roivas a revendiqué la victoire aux élections législatives organisées dimanche au terme d'une campagne dominée par des craintes d'une intrusion du voisin russe à la suite de l'annexion, il y a près d'un an, de la Crimée par Moscou. Le parti de centre-droit de Taavi Roivas a remporté 28% des suffrages contre 25% pour le parti du Centre, principale formation de l'opposition qui prône un rapprochement avec Moscou. Les électeurs estoniens se sont ainsi une nouvelle fois prononcés en faveur d'une coalition gouvernementale qui a appelé l'Occident à présenter un front uni face au président russe Vladimir Poutine. Des avions militaires russes ont multiplié les violations de l'espace aérien estonien depuis l'annexion de la Crimée, un territoire ukrainien, par la Russie. Taavi Roivas, le plus jeune dirigeant européen (35 ans) en exercice, est le mieux à même de former une nouvelle coalition. Les autres partis estoniens refusent en effet de coopérer avec le Parti du centre, à qui ils reprochent un accord de coopération signé en 2004 avec le parti Russie unie, la formation de Vladimir Poutine. "L'Estonie a enregistré de nombreuses réussites économiques. Nous avons accueilli à bras ouverts nos alliés et nous voulons poursuivre sur cette voie", a dit à Reuters le Premier ministre après avoir revendiqué la victoire. Membre de l'Otan, l'Estonie a adopté l'euro en 2011. UNE NOUVELLE COALITION DOIT ÊTRE FORMÉE Certains analystes politiques ont estimé que, après l'Ukraine, la Russie pourrait fomenter des troubles en Estonie, que ce soit par le biais de la minorité russophone, le levier énergétique ou encore via une sorte de guerre cybernétique. Les russophones représentent un quart environ des 1,3 million d'électeurs inscrits en Estonie. La coalition sortante, rassemblant les libéraux du Parti de la réforme et les sociaux-démocrates, a mis en avant les inquiétudes liées à l'attitude de la Russie. Prié de dire s'il allait tendre la main au parti du Centre pour la nouvelle coalition, Taavi Roivas a répondu : "Certainement pas". Il devra néanmoins élargir la coalition sortante, à qui il manque désormais deux sièges pour obtenir la majorité dans un parlement en compte 101. La formation d'une nouvelle coalition pourrait prendre jusqu'à plusieurs semaines. Sous la houlette de gouvernements de coalition menés par la parti de la Réforme, l'Estonie a été l'un des rares membres de l'Otan à maintenir son budget défense à hauteur de 2% du produit intérieur brut (PIB), niveau recommandé par l'organisation transatlantique. Signe de possibles tensions entre la Russie et l'Estonie, Tallinn a accusé les forces de sécurité russes d'avoir enlevé l'an dernier un officier estonien chargé de lutter contre la contre-bande. La Russie a déclaré que l'officier, emprisonné à Moscou, était détenu pour des soupçons d'espionnage. Depuis 1992, l'Estonie a suivi une politique économique résolument orthodoxe, avec un taux d'imposition sur le revenu peu progressif, un recours limité aux émissions de dettes et l'objectif d'un budget équilibre en pointe de mire. Le taux d'endettement devrait s'établir à 9,6% du produit intérieur brut (PIB) au titre de 2014, contre une moyenne de la zone euro supérieure à 80%. Le taux de chômage a été ramené à 7,4% l'an dernier, contre 16,7% en 2010, année de récession pour le pays. (Henri-Pierre André, Jean-Philippe Lefief et Benoît Van Overstraeten pour le service français)