Condamnations à mort en Chine pour une attaque dans une gare

PEKIN (Reuters) - La justice chinoise a condamné vendredi trois hommes à mort et une femme à la prison à vie pour l'attaque dans la gare de Kunming, dans la province du Yunnan, qui a fait 31 morts en mars, rapportent les médias officiels. Les autorités ont imputé cette attaque commise à l'arme blanche à des activistes du Xinjiang, région de l'ouest de la Chine en proie à des tensions séparatistes. Elles accusent des séparatistes musulmans de multiplier les attaques dans le Xinjiang et ailleurs dans le pays dans le but de créer un Etat indépendant. Les associations de Ouïghours en exil et des organisations de défense des droits de l'homme reprochent pour leur part à Pékin d'attiser les tensions par une politique répressive dans le Xinjiang. Les quatre condamnés pour l'attaque de la gare de Kunming sont des Ouïghours. D'après les autorités, huit personnes au total ont participé à ce complot et quatre d'entre elles ont été tuées par la police durant l'attaque. La femme condamnée à la réclusion à perpétuité, Patigul Tohti, a été blessée par des tirs de la police durant l'attaque et elle était enceinte au moment de son arrestation. Les trois hommes condamnés à mort, Iskandar Ehet, Turgun Tohtunyaz et Hasayn Muhammad, ont été arrêtés quelques jours avant l'assaut contre la gare de Kunming alors qu'ils tentaient de fuir la Chine, selon le tribunal qui les a jugés. Le plus haut procureur de Chine a ordonné une accélération des procédures judiciaires à l'encontre des "terroristes, des extrémistes religieux et des fabricants d'armes à feu et d'explosifs" au Xinjiang, rapporte pour sa part l'agence Chine nouvelle. Le parquet populaire suprême estime que l'appareil judiciaire doit prioritairement défendre la Chine contre les "trois forces maléfiques" que sont le terrorisme, le séparatisme et l'extrémisme, écrit l'agence de presse officielle. Les tribunaux doivent en particulier "accélérer les procès pour terrorisme et livrer des verdicts exemplaires". Cette directive inquiète les défenseurs des droits de l'homme comme Human Rights Watch, qui souligne par la voix de sa représentante Maya Wang: "Très peu d'informations sortent du Xinjiang sur la manière dont sont traités les suspects. Le risque d'abus est grand." (Li Hui et Ben Blanchard, Jean-Stéphane Brosse et Bertrand Boucey pour le service français)