Le parlement de Tobrouk rejette le gouvernement d'union en Libye

BENGHAZI, Libye (Reuters) - Le parlement libyen reconnu par la communauté internationale a rejeté lundi le gouvernement d'union proposé dans le cadre du plan de réconciliation soutenu par l'Onu et censé résoudre la crise politique et le conflit armé dans le pays. Sur 104 élus qui ont participé à la session du parlement à Tobrouk, dans l'est de la Libye, 89 ont voté contre le gouvernement d'union nationale. Depuis 2014, la Libye compte deux parlements et deux gouvernements rivaux: les uns basés à Tripoli et les autres, reconnus par la communauté internationale, dans l'Est. Chaque camp a l'appui d'alliances de groupe armés et d'anciens insurgés qui avaient contribué à renverser le régime du colonel Mouammar Kadhafi en 2011. Des députés réunis à Tobrouk ont expliqué que le gouvernement d'union proposé, constitué de 32 membres, avait été rejeté car il comprenait trop de portefeuilles. Selon eux, le Conseil présidentiel, qui siège à Tunis, a dix jours désormais pour présenter une liste de ministres moins longue. La composition de ce gouvernement n'est pas à la hauteur des défis libyens, a déclaré Omar Tantoush. "Ils n'ont pas utilisé les bons critères pour désigner les ministres et déterminer la taille du gouvernement, surtout maintenant que l'économie s'effondre en Libye", a-t-il dit. Interrogé par Reuters, un autre député de Tobrouk, Mohamed al Abani, a estimé lui que la composition de ce gouvernement ne représentait pas les intérêts du peuple libyen mais "les exigences des chefs de milice". Une seconde motion mise au voix, adoptée par 97 parlementaires, a approuvé l'accord négocié sous l'égide de l'Onu, qui fixe le fonctionnement du Conseil présidentiel, mais rejette en revanche une clause transférant au futur gouvernement les pouvoirs de nomination en matière de postes militaires. Ce rejet semble répondre au souci de préserver l'avenir du général Khalifa Haftar, ancien allié de Kadhafi qui commande aujourd'hui les forces alliées au gouvernement de l'Est. Considéré par le Parlement de Tobrouk comme le futur commandant d'une armée nationale, il est en revanche rejeté par les forces alliées au gouvernement installé à Tripoli. (Ayman al-Warfalli avec Aidan Lewis; Eric Faye et Henri-Pierre André pour le service français)