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Le Parlement sud-coréen vote la destitution de la présidente Park

Assemblée nationale de Séoul. Le Parlement sud-coréen a voté vendredi à une écrasante majorité la destitution de la présidente Park Geun-hye impliquée dans une affaire de trafic d'influence et l'a ainsi suspendue de ses fonctions. /Photo prise le 9 décembre 2016/REUTERS/Kim Hong-Ji

par Ju-min Park et Jack Kim (Reuters) - Le Parlement sud-coréen a voté vendredi à une écrasante majorité la destitution de la présidente Park Geun-hye impliquée dans une affaire de trafic d'influence tandis que la population descendait dans la rue pour dire son approbation. Les députés se sont prononcés à bulletin secret par 234 voix contre 56, ce qui signifie que de très nombreux membres de son parti, le Saenuri, ont voté en faveur de cette destitution. Pour qu'elle soit prononcée, il fallait qu'elle soit votée par 200 des 300 membres de l'Assemblée nationale, le Parlement monocaméral de Corée du Sud. La Cour constitutionnelle doit maintenant valider ce vote et confirmer la fin du mandat de la présidente ou au contraire l'invalider et la rétablir dans ses fonctions. Le processus pourrait prendre six mois. Les débats de la Cour, qui entendra les partisans des deux camps, seront publics. En 2004, le Parlement avait prononcé la destitution du président Roh Moo-hyun, mais la Cour constitutionnelle l'avait invalidée. A l'époque, et à la différence de ce qui se passe aujourd'hui, l'opinion publique était contre la destitution du chef de l'Etat. En attentant, le Premier ministre Hwang Kyo-ahn, dont le poste est largement honorifique, assure l'intérim à la présidence. Il a déclaré lors d'une réunion du conseil des ministres qu'il ferait de son mieux pour qu'un gouvernement stable continue à fonctionner. Il a conseillé aux autorités financières de prendre des mesures pour éviter des mouvements brusques sur les marchés. La présidente Park a accepté "la voix du Parlement et du peuple" et dit qu'elle répondrait "avec calme" aux questions de la Cour constitutionnelle et du procureur spécial. "VICTOIRE POUR LE PEUPLE" Devant le Parlement, des cris de victoire ont accompagné l'annonce du vote. Des manifestants brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "Victoire pour le peuple" et "Nouvelle république de Corée". Auparavant, des heurts s'étaient produits entre policiers et militants anti-Park alors que ces derniers tentaient de conduire deux tracteurs jusqu'à la porte principale du Parlement où un millier de manifestants s'étaient rassemblés. Park Geun-hye, 64 ans, est accusée, avec une amie et un de ses anciens conseillers, tous deux mis en examen, d'avoir fait pression sur de grandes entreprises sud-coréennes pour qu'elles fassent des dons à deux fondations mises en place pour soutenir ses initiatives politiques. La présidente, dont le mandat de cinq ans doit s'achever en février 2018, dément toute malversation. Elle s'est néanmoins excusée pour sa négligence dans les relations avec son amie, Choi Soon-sil. Des manifestations monstres ont lieu tous les samedis à Séoul depuis six semaines pour demander la démission de la présidente. Mais Park Geun-hye a fait savoir qu'elle attendrait la décision de la Cour constitutionnelle pour démissionner. Le Premier ministre Hwang prend le pouvoir à un moment de tension accrue avec la Corée du Nord. Il a dit après le vote que la probabilité d'une provocation du régime communiste voisin était élevée. Seuls 5% des Sud-Coréens disent avoir une opinion favorable de la présidente, selon un sondage publié vendredi, soit un point de plus que lors d'une enquête précédente. Lors du vote du Parlement, sept bulletins de vote ont été déclarés non valables, deux députés se sont abstenus et un député n'a pas pris part au vote, a indiqué le président de l'Assemblée. (Avec Tony Munroe; Danielle Rouquié pour le service français)