Le parlement catalan poursuit un juge du Tribunal suprême espagnol

Le Parlement de Catalogne a demandé vendredi que des poursuites judiciaires soient engagées contre un juge du Tribunal suprême espagnol, qui a refusé de libérer le dirigeant indépendantiste Jordi Sanchez afin qu'il présente sa candidature à la présidence de l'exécutif catalan. /Photo d'archives/REUTERS/Gonzalo Fuentes

MADRID (Reuters) - Le Parlement de Catalogne a demandé vendredi que des poursuites judiciaires soient engagées contre un juge du Tribunal suprême espagnol, qui a refusé de libérer le dirigeant indépendantiste Jordi Sanchez afin qu'il présente sa candidature à la présidence de l'exécutif catalan.

Cette plainte constitue le dernier épisode en date du conflit entre Barcelone et le pouvoir central de Madrid, qui a mis sous tutelle la Catalogne au lendemain de sa proclamation unilatérale d'indépendance en octobre dernier.

Le juge Pablo Llarena, qui siège au Tribunal suprême, a refusé jeudi de libérer de prison Jordi Sanchez, l'empêchant ainsi d'être nommé président de l'exécutif catalan, comme le souhaitait le parlement de la région, lors d'une session prévue vendredi à Barcelone.

Un conseil de représentants du parlement catalan a convenu d'accuser le juge Llarena d'avoir statué injustement en toute connaissance de cause.

Le président du parlement catalan, Roger Torrent, a évoqué une "violation des droits" de Jordi Sanchez.

Cette décision du parlement catalan a fait l'objet de contestations de la part de plusieurs formations unionistes, dont le parti libéral Ciudadanos ("Citoyens"), arrivé en tête des élections régionales en décembre dernier sans toutefois obtenir la majorité face à la coalition indépendantiste.

Depuis les élections, les dirigeants indépendantistes ne sont pas parvenus à élire le nouveau président de l'exécutif catalan.

Roger Torrent a proposé à quatre reprises depuis janvier un candidat à la présidence - il y a d'abord eu le dirigeant destitué Carles Puigdemont, qui se trouve actuellement sous contrôle judiciaire en Allemagne, puis une première fois Jordi Sanchez et enfin l'ex-porte-parole de l'exécutif local Jordi Turull, lui aussi en détention préventive.

Au cas où l'élection du président régional ne serait pas possible d'ici le 22 mai, un nouveau scrutin devra être organisé en Catalogne.

Dans son jugement, le juge Pablo Llarena a répondu défavorablement à la demande de libération émise par Jordi Sanchez, incarcéré pour rébellion et sédition pour sa participation à l'organisation du référendum d'autodétermination du 1er octobre dernier, jugé illégal par Madrid.

Il y a un risque de récidive, a estimé le juge.

Le porte-parole du gouvernement de Madrid a déclaré vendredi que dépenser de l'argent pour essayer de faire inculper le juge Llarena pourrait constituer un détournement de fonds publics de la part du parlement catalan.

Inigo Mendez de Vigo a rappelé que les avocats du parlement catalan avaient souligné eux-même ce danger.

"Ne les laissez pas dire après coup qu'ils ne savaient pas quelles étaient les conséquences, parce qu'ils ont été prévenus", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Madrid.

(Isla Binnie et Inmaculada Sanz, Jean Terzian pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)