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May cède aux pressions des partisans d'un Brexit dur

La Première ministre britannique, Theresa May, a cédé lundi aux pressions des partisans d'un Brexit dur au sein de son Parti conservateur, en acceptant des modifications à son projet de Brexit afin de sauvegarder sa stratégie globale. /Photo prise le 16 juillet 2018/REUTERS/Matt Cardy

par Elizabeth Piper et William James

LONDRES (Reuters) - La Première ministre britannique, Theresa May, a cédé lundi aux pressions des partisans d'un Brexit dur au sein de son Parti conservateur, en acceptant des modifications à son projet de Brexit afin de sauvegarder sa stratégie globale.

Un porte-parole du 10, Downing Street a déclaré en début de soirée qu'elle acceptait quatre amendements ainsi présentés à son projet sur les relations douanières futures entre le Royaume-Uni et l'Union européenne.

"Nous accepterons ces quatre amendements", a-t-il dit aux journalistes, "parce que nous croyons qu'ils sont cohérents avec le 'livre blanc' publié la semaine dernière" après une réunion à Chequers, la résidence de campagne des chefs du gouvernement britannique.

La Première ministre britannique subit la colère des membres les plus eurosceptiques du parti conservateur qui jugent son plan trop accommodant avec l'UE.

Priée de dire par le député travailliste Stephen Kinnock si l'accord de Chequers était mort, Theresa May a répondu que c'était "absolument faux".

En cédant aux desiderata des partisans d'un Brexit dur, elle a cependant révélé sa fragilité au parlement, où les deux ailes du Parti conservateur ne se sont pas ménagées, lundi, signe des divisions qui freinent les négociations avec l'UE pour parvenir à un accord avant la date butoir de la fin mars 2019.

Selon le porte-parole de Theresa May, les amendements en question ne font en définitive guère plus que traduire les choix du gouvernement dans la loi.

PAS DE DEUXIÈME RÉFÉRENDUM

Mais en durcissant la formulation afin de souligner que la collecte des droits de douane par la Grande-Bretagne et l'UE se fera sur la base de la réciprocité, les partisans du Brexit risquent de rendre le plan de Theresa May plus difficile à "vendre" auprès de l'UE.

Lors des débats de lundi, parmi les plus houleux au parlement jusqu'à présent, la députée conservatrice anti-Brexit Anna Soubry a estimé que "La seule raison pour laquelle le gouvernement a accepté ces amendements, c'est parce qu'il a peur d'une quarantaine de députés, partisans d'un Brexit sans accord, qui auraient dû partir il y a longtemps".

Theresa May a tenté dimanche de calmer les critiques en prévenant que si son plan tombait à l'eau, il pourrait ne pas y avoir de Brexit du tout.

Le plan de la Première ministre a été également dénoncé par les membres du Parti conservateur opposés au Brexit. Justine Greening, ex-ministre de l'Education de Theresa May, a appelé lundi à un nouveau référendum sur le Brexit.

Le plan de Theresa May, a-t-elle dit, est un "consensus mou que je ne peux pas supporter. C'est le pire des deux mondes".

Theresa May n'a pas tardé à répliquer, par la voix de son porte-parole : "Le peuple britannique a voté pour sortir de l'Union européenne. Il n'y aura pas de second référendum".

Bien qu'il ne soit pas question d'une motion de censure envers Theresa May, les remarques du président des États-Unis Donald Trump lors de sa visite au Royaume-Uni la semaine dernière ont attisé les critiques à l'égard de la Première ministre britannique.

(Samuel Kahn et Eric Faye pour le service français)