Le pardon sélectif du fondateur de PIP à ses victimes

AIX-EN-PROVENCE (Reuters) - Jean-Claude Mas, fondateur d’une entreprise qui a commercialisé des dizaines de milliers d’implants mammaires frelatés, a demandé mercredi un pardon sélectif à la trentaine de victimes encore présentes en clôture de son procès en appel. "Je demande pardon aux victimes, mais uniquement pour la tromperie. Le gel PIP n’est pas dangereux", a-t-il dit à propos du "gel maison", dont il a ordonné de remplir les implants mammaires à la place du gel homologué, plus cher. "Il faut être sacrement solide quand on est une victime et qu’on lit dans les journaux qu’on est porteuse d’une bombe. C’est ça qui est monstrueux", a-t-il poursuivi à la barre, accusant les médias d'avoir exagéré l'affaire. La cour d'appel a mis sa décision en délibéré au 2 mai, comme pour les autres prévenus. L’avocat général avait demandé mardi la confirmation de la peine du tribunal correctionnel de Marseille qui, le 10 décembre 2013, a condamné Jean-Claude Mas à quatre ans de prison et à 75.000 euros d’amende. Le magistrat, qui a évoqué de trop nombreuses "vies de femmes gâchées", a explicitement réclamé que la peine d’emprisonnement le visant soit "mise à exécution dans les meilleurs délais". Il a également demandé la confirmation des peines à l’encontre des autres ex-cadres de l’entreprise, à l’exception d’une aggravation de celle de Jean-Claude Couty, le président du directoire, à l’encontre duquel il a requis quatre ans de prison, dont une partie avec sursis, et 50.000 euros d’amende. Trois ans, dont deux avec sursis et 30.000 euros d’amende, avaient été prononcés en première instance. Selon le dernier bilan officiel de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), en juillet 2015, 18.402 femmes sur 30.000 femmes porteuses en France ont choisi de se faire retirer leurs implants PIP, soit à la suite d'un dysfonctionnement, soit à titre préventif. Au total, 8.524 dysfonctionnements et 5.650 effets indésirables ont été déclarés à l'organisme de santé. Les cas de rupture de prothèse représentent 67,1 % des dysfonctionnements ayant entraîné une explantation. (Jean-François Rosnoblet, édité par Yves Clarisse)