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Le pape souhaite aller en Centrafrique malgré les violences

Le pape François prévoit toujours de se rendre en voyage en République centrafricaine fin novembre, malgré les violences qui ont fait des dizaines de morts à Bangui depuis septembre et semblent s'intensifier dans d'autres régions. /Photo prise le 12 novembre 2015/REUTERS/Max Rossi

CITE DU VATICAN (Reuters) - Le pape François prévoit toujours de se rendre en voyage en République centrafricaine fin novembre, a annoncé vendredi le Vatican, malgré les violences qui ont fait des dizaines de morts à Bangui depuis septembre et semblent s'intensifier dans d'autres régions. Au moins 22 personnes ont été tuées cette semaine dans des villages du centre du pays, autour de la ville de Bambari, ont rapporté vendredi un responsable local et la radio d'Etat. Le souverain pontife doit terminer les 28 et 29 novembre en Centrafrique une tournée pastorale qui l'aura d'abord conduit au Kenya et en Ouganda. La France, dont des soldats restent déployés dans le pays en appui de la force de maintien de la paix des Nations unies, a mis en garde le pape François contre les conséquences de son voyage à Bangui, estimant ne pas être en mesure de garantir totalement sa sécurité et celle des fidèles. "Nous avons simplement alerté les autorités du Vatican sur le caractère risqué d'un tel voyage, dans le contexte actuel de pré-élections, pour le pape lui-même et pour les centaines de milliers de fidèles qui pourraient faire le déplacement", a dit une source au ministère de la Défense. "Nous sommes en capacité d'assurer la sécurité de l'aéroport et d'apporter un soutien d'évacuation médical en cas d'accident" mais pas plus, a-t-on ajouté de même source. Des élections présidentielle et législatives censées tourner la page du conflit qui déchire le pays depuis deux ans doivent se tenir le 27 décembre après avoir été à reportées à plusieurs reprises en raison de la poursuite des violences. Les autorités politiques et religieuses centrafricaines se sont employées jeudi à rassurer le Vatican sur les conditions de sécurité dans la capitale, voyant dans cette visite pontificale le moyen d'envoyer un signal de normalisation et de redonner espoir à la population. "RENONCER À CE VOYAGE SERAIT UNE DÉFAITE" Le pape "veut vraiment aller (en Centrafrique) et renoncer à ce voyage constituerait une défaite", a réagi une source au Vatican. Une autre source a précisé que la visite pourrait néanmoins être écourtée et cantonnée à des secteurs jugés suffisamment sûrs. La source au ministère français de la Défense a assuré de son côté que Paris ne chercherait pas à dissuader à tout prix le souverain pontife d'effectuer le déplacement. "Il ne s'agit pas de s'immiscer dans une visite d'Etat dans un pays tiers et ce n'est pas à la France d'empêcher le pape d'aller sur place, ce n'est absolument pas notre démarche", a-t-elle déclaré. Selon un responsable onusien, la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca) pourrait précipiter l'arrivée d'une partie des 750 soldats et 140 policiers supplémentaires attendus pour les élections de sorte à ce qu'ils soient sur place au moment de la visite du pape. Alors que la France a suspendu le retrait progressif de ses troupes, qui atteignaient 2.000 hommes en début d'année, jusqu'à la fin des élections, la Minusca ne semble pas avoir les effectifs suffisants pour maintenir la sécurité dans l'ensemble du pays. Les violences se sont cristallisées ces dernières semaines autour de Bambari, une ville du centre du pays qui marque plus ou moins la limite de la partition de fait de la Centrafrique, entre musulmans au nord et chrétiens et animistes au sud. Selon un responsable local, Yves Mbetigaza, dix villageois ont été égorgés lundi dernier à Ndassima et des dizaines d'autres ont été tués, enlevés ou sont portés disparus dans d'autres villages de la région les jours suivants. La radio d'Etat a parlé d'attaques d'hommes armés de l'ethnie peule, des éleveurs nomades musulmans en conflit avec les agriculteurs sédentaires dans de nombreux pays de la zone sahélienne, mais selon Yves Mbetigaza, des combattants de l'ex-Séléka, l'alliance rebelle qui avait pris le pouvoir à Bangui il y a deux ans avant d'en être chassée un an plus tard, figuraient au nombre des assaillants. (Philip Pullella, avec Marine Pennetier à Paris et Crispin Dembassa-Kette à Bangui; Tangi Salaün pour le service français)