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Le pape François a refusé la démission du cardinal Barbarin

Le cardinal Philippe Barbarin (à gauche), condamné en France à six mois de prison avec sursis pour n'avoir pas dénoncé des agressions sexuelles commises par un prêtre sur des mineurs, a annoncé mardi que le pape François avait refusé sa démission tout en lui suggérant de "se mettre en retrait". /Image diffusée le 18 mars 2019/REUTERS/Vatican Media

PARIS (Reuters) - Le cardinal Philippe Barbarin, condamné en France à six mois de prison avec sursis pour n'avoir pas dénoncé des agressions sexuelles commises par un prêtre sur des mineurs, a annoncé mardi que le pape François avait refusé sa démission tout en lui suggérant de "se mettre en retrait".

Lundi, lors d'une rencontre avec le pape au Vatican, "j’ai remis ma mission entre les mains du Saint-Père", indique l'archevêque de Lyon dans un communiqué. "En invoquant la présomption d’innocence, il n’a pas voulu accepter cette démission."

"Il m’a laissé la liberté de prendre la décision qui me paraît la meilleure pour la vie du diocèse de Lyon, aujourd’hui", ajoute-t-il. "À sa suggestion et parce que l’Église de Lyon souffre depuis trois ans, j’ai décidé de me mettre en retrait pour quelque temps et de laisser la conduite du diocèse au vicaire général modérateur, le père Yves Baumgarten".

Au Vatican, le porte-parole du Saint-Siège, Alessandro Gisotti, a confirmé que le souverain pontife avait refusé la démission du cardinal qui, à 68 ans, est l'un des plus hauts dignitaires catholiques français.

"Conscient des difficultés que connaît actuellement l’archidiocèse, le Saint-Père a laissé le cardinal Barbarin libre de prendre la décision la plus appropriée", a-t-il dit à la presse. "Le Saint-Siège tient à redire sa proximité avec les victimes d’abus, avec les fidèles de l’Archidiocèse de Lyon et avec toute l’Église de France qui vivent des heures douloureuses."

Le cardinal Barbarin a été condamné le 7 mars dernier par le tribunal correctionnel de Lyon à six mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé à la justice le père Bernard Preynat, prêtre pédophile poursuivi pour agressions sexuelles sur de jeunes scouts dans les années 1980 et 1990 et ne pas l'avoir écarté de son poste.

Les avocats du cardinal Barbarin, qui a assuré pendant le procès n'avoir jamais cherché à cacher des faits de pédophilie, ont fait appel de cette condamnation.

François Devaux, président de l’association La Parole Libérée, fondée en 2015 par d'anciens scouts abusés par le père Preynat, a fait part de son incompréhension face à la décision du pape.

«L’Eglise est en train de s’effondrer sur elle-même", a-t-il déclaré à Reuters. "Le Pape vient de provoquer avec cette décision la chute de l’Eglise en France».

«Les gens qui vont continuer aujourd’hui à suivre l’Eglise sont des fanatiques. Ils sont sous emprise parce que cette Eglise catholique est quand même composée en majorité par des progressistes. Ces catholiques ne peuvent pas adhérer à ce qui se passe. C’est un schisme», a-t-il dit.

(Marine Pennetier, avec Catherine Lagrange à Lyon et Crispian Balmer à Rome, édité par Yves Clarisse et Danielle Rouquié)