Le Pakistan renforce le contrôle sur les ONG

ISLAMABAD (Reuters) - Les autorités pakistanaises ont annoncé vendredi un renforcement du contrôle des ONG locales et internationales et ont donné quinze jours à l'une d'elles, Save the Children, pour quitter le pays. Présente depuis plus de 35 ans au Pakistan, Save the Children a eu maille à partir à plusieurs reprises avec le gouvernement depuis 2011, lorsque des liens ont été établis entre l'ONG et un médecin pakistanais recruté par la CIA dans sa traque d'Oussama ben Laden, tué en mai 2011 dans la ville pakistanaise d'Abbottabad. Le personnel étranger de l'ONG a été expulsé peu après ces accusations mais Save the Children, qui dément ces allégations, disposait encore d'un millier d'employés locaux. La police pakistanaise l'accuse d'être impliquée dans des "projets antipakistanais" et de se livrer à des "activités très suspectes". "Les ONG internationales travaillaient sans règles, sans réglementation, sans agenda et sans cadre légal au Pakistan. Pendant plusieurs années, des rapports du renseignement ont été reçus sans qu'aucune action n'ait été entreprise", a déclaré à la presse le ministre de l'Intérieur, Chaudhry Nisar Ali Khan. Le projet de loi présenté vendredi vise à réguler les "contributions étrangères". Il permettra aux autorités d'interdire plus facilement d'activités des groupes bénéficiant de financements étrangers. Selon le ministre de l'Intérieur, les associations faisant un travail "positif" n'ont rien à craindre de ce nouveau cadre légal. Il s'en est pris en revanche aux ONG qui militent pour l'abolition de la peine de mort ou une réforme du système judiciaire. "Nous savons quelles ONG locales se livrent à cette campagne de diffamation", a-t-il dit. "Cette propagande doit cesser." A Washington, le département américain d'Etat s'est dit "préoccupé par la répression menée par le Pakistan contre des organisations caritatives et d'autres ONG internationales". (Mehreen Zahra-Malik; Henri-Pierre André pour le service français)