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Le Pakistan menace l'Inde d'une "guerre de l'eau"

ISLAMABAD/NEW DELHI (Reuters) - Le Pakistan considérerait comme un "acte de guerre" la dénonciation par l'Inde du traité sur l'Indus, qui régule le partage des eaux du fleuve par les deux pays, a déclaré mardi un haut responsable de la diplomatie pakistanaise. La tension est montée entre les deux puissances nucléaires du sous-continent indien après la mort de 18 soldats indiens tués ce mois-ci au Cachemire au cours d'une attaque dont New Delhi tient le Pakistan voisin pour responsable. Le Pakistan dément avoir joué un rôle dans cette opération. Le ministère indien des Affaires étrangères a annoncé mardi que le Premier ministre, Narendra Modi, ne participerait pas à un sommet des dirigeants des pays de l'Asie du Sud, prévu en novembre au Pakistan, à cause de la recrudescence des attaques frontalières. L'une des mesures de rétorsion envisagées par Narendra Modi à l'attaque qui a coûté la vie à 18 soldats consisterait à "maximiser" le volume d'eau utilisé par l'Inde, en accélérant la construction de nouvelles centrales hydroélectriques sur le cours de trois rivières qui passent ensuite au Pakistan, a dit à Reuters un responsable au fait d'une réunion à laquelle a pris par Narendra Modi lundi. Selon cette source, l'Inde n'envisage pas de dénoncer le "Traité sur les eaux de l'Indus", qui a été conclu en 1960. Le fait d'utiliser davantage d'eau du bassin de l'Indus risque cependant d'être mal pris par le Pakistan, qui dépend des rivières descendant de l'Himalaya pour son eau potable et son agriculture. Selon Sartaj Aziz, conseiller en politique étrangère du Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif, Islamabad va avoir recours à l'arbitrage de la "Commission des eaux de l'Indus", qui veille à la bonne application du traité, pour qu'elle détermine si l'Inde a accru ses prélèvements sur le cours des rivières Chenab et Jhelum et du fleuve Indus. Si l'Inde dénonce ce traité, Nawaz Sharif y verra "un acte de guerre ou un acte hostile envers le Pakistan", a dit Sartaj Aziz. "Il est fortement irresponsable, de la part de l'Inde, ne serait-ce que d'envisager de dénoncer le traité sur les eaux de l'Indus", a déclaré le conseiller devant l'assemblée nationale pakistanaise. (Drazen Jorgic et Tommy Wilkes; Eric Faye pour le service français)