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Le nouveau coup d'éclat de Trump pèse sur les marchés d'actions

par Patrick Vignal

PARIS (Reuters) - L'annonce par Donald Trump du limogeage du secrétaire d'Etat Rex Tillerson a plongé mardi les Bourses européennes dans le rouge et fait hésiter Wall Street, qui efface ses gains consécutifs à l'annonce d'une hausse des prix à la consommation aux Etats-Unis au mois de février conforme aux attentes.

La nouvelle, peu avant l'ouverture à Wall Street, du remplacement de Rex Tillerson par le directeur de la CIA Mike Pompeo a dans un premier temps peu fait varier les futures sur les indices new-yorkais, alors dans le vert.

La réaction a été plus vive en Europe où les principales Bourses se sont retournées à la baisse avant de creuser leurs pertes, pénalisées en outre par la hausse de l'euro, qui prend 0,5% face au billet vert pour s'approcher de 1,24 dollar.

À Paris, le CAC 40 a perdu 0,64% à 5.242,79 points. Le Footsie britannique a reculé de 1,05% et le Dax allemand a cédé 1,59%.

L'indice EuroStoxx 50 a abandonné 0,94%, le FTSEurofirst 300 1,09% et le Stoxx 600 0,98%.

A l'heure de la clôture en Europe, l'indice Dow Jones gagne 23,01 points, soit 0,09%, à 25.201,62 points. Le Standard & Poor's 500, plus large, recule de 0,08% et le Nasdaq Composite cède 0,39%.

Rex Tillerson, ex-PDG de la compagnie pétrolière Exxon Mobil, avait pris la tête de la diplomatie américaine à l'arrivée de Donald Trump à la Maison blanche en janvier 2017.

Les relations entre le président et son désormais ex-chef de la diplomatie, qui ont maintes fois affiché leurs divergences, notamment sur la Corée du Nord et l'Iran et pas plus tard que lundi sur la Russie, n'ont jamais été au beau fixe.

Le départ de Rex Tillerson intervient une semaine après la démission du conseiller économique de la Maison blanche, Gary Cohn, en désaccord avec les mesures protectionnistes annoncées par Donald Trump.

LES MARCHÉS EUROPÉENS S'INQUIÈTENT

Wall Street réagit avec une relative sérénité puisque l'indice mesurant la volatilité du S&P 500 est quasiment stable et que le Dow Jones se maintient dans le vert à l'heure de la clôture en Europe.

"Je ne pense pas que le départ et le remplacement de Tillerson animeront les marchés pendant très longtemps, le roulement dans l'administration Trump étant si important", commente David Kotok, président de la société de gestion Cumberland Advisors.

En Europe en revanche, l'annonce de l'arrivée d'un secrétaire d'Etat considéré comme très proche des positions de Donald Trump sur les grandes questions diplomatiques paraît clairement inquiéter les marchés. En atteste le bond de près de 8% de l'indice mesurant la volatilité de l'Eurostoxx 50.

Les investisseurs américains ont dans un premier temps préféré retenir que l'inflation de base, soit hors alimentation et énergie, avait progressé de 1,8% en février aux Etats-Unis, comme en janvier et conformément aux attentes des économistes.

Ces chiffres apaisent les craintes d'un réveil des prix qui conduirait la Réserve fédérale à durcir sa politique.

Le dollar a effacé ses gains face à un panier de devises de référence après la publication de cette statistique et recule de 0,26%, pénalisé en outre par les incertitudes politiques après le renvoi de Rex Tillerson.

Le rendement des Treasuries à 10 ans abandonne deux points de base, autour de 2,85%.

L'ACTION ILIAD CHUTE

Aux valeurs en Europe, le groupe de télécoms Iliad a chuté de 9,96%, les investisseurs s'inquiétant de la baisse de la rentabilité de la maison mère de Free dans la téléphonie fixe.

Le réassureur allemand Hannover Re a lui aussi été sanctionné (-4,18%) après des résultats annuels moins bons que prévu.

A Paris, l'une des plus fortes baisses du CAC 40 est pour STMicroelectronics, qui a perdu 2,7% au terme d'une séance compliquée pour le secteur de la technologie, dont l'indice Stoxx a cédé 1,27% et qui souffre également à Wall Street.

A la hausse, le groupe énergétique allemand E.ON a bondi de 3,87% après avoir indiqué que le projet de démantèlement d'Innogy (-0,49%) allait soutenir ses profits dans les prochaines années.

Du côté du pétrole, les cours du brut ont grimpé après l'annonce du limogeage de Rex Tillerson sur des craintes de tensions avec l'Iran avant de se retourner à la baisse.

(édité par Juliette Rouillon)