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Le nouveau chef des taliban afghans veut l'unité du mouvement

DERA ISMAIL KHAN/PESHAWAR, Pakistan (Reuters) - Le mollah Akhtar Mohammad Mansour, désigné cette semaine comme le nouveau chef de file des taliban afghans malgré des réticences parmi les dignitaires du mouvement, a appelé à l'unité des insurgés à l'occasion de sa première intervention publique, diffusée samedi. Le mollah Mansour vient de succéder au mollah Omar, donné pour mort par les autorités afghanes, les services de renseignement américains et les taliban eux-mêmes. Le fondateur du groupe, dont le mollah Mansour était l'adjoint, jouait jusque-là un rôle fédérateur malgré son absence médiatique depuis l'intervention armée des Etats-Unis, en 2001, et le renversement du régime des "étudiants en religion". "L'ennemi ne pourra pas nous vaincre si nous restons unis", dit-il dans un enregistrement audio transmis à des journalistes. "Je vais mettre toute mon énergie pour suivre la voie du mollah Mohammad Omar et sa mission", ajoute-t-il. "Nous devons nous montrer patients et tendre la main à nos amis mécontents. Nous aurons à les convaincre et les emmener avec nous". D'après des connaisseurs de la région, sa nomination pourrait favoriser la poursuite des négociations de paix entamées au Pakistan entre les taliban et les autorités afghanes. Mais elle pourrait également accentuer les divisions du mouvement, déjà en proie à des tensions entre ses commandants partisans d'un dialogue avec Kaboul et ceux qui le rejettent. Selon des hauts dirigeants taliban qui ont participé à la réunion lors de laquelle le mollah Mansour a été intronisé, le fils et le frère du mollah Omar ont quitté les lieux en signe de protestation. Parmi les défis auxquels il sera confronté, le mollah Mansour devra donc tenter de surmonter ces dissensions mais aussi trouver une solution au problème soulevé par la rivalité croissante du groupe Etat islamique dans le pays. Dans son message, le nouveau chef suprême évoque par ailleurs le meurtre de civils, qu'il souhaite éviter. "Au nom du djihad, le meurtre de personnes innocentes n'est pas conforme aux lois islamiques. Nous devons gagner le coeur des gens avant de pouvoir les gouverner", dit-il. Selon un rapport de l'Onu publié fin 2014, les insurgés sont responsables de la grande majorité -- environ 75 % -- des morts de civils. (Saud Mehsud et Jibran Ahmad, Simon Carraud pour le service français)