Le "Notre Père" chaviste offense l'Eglise vénézuélienne

A Caracas. La réécriture du Notre Père par le Parti socialiste vénézuélien (PSUV) en hommage au défunt président Hugo Chavez n'est pas du goût des évêques catholiques du pays. /Photo prise le 9 mars 2014/REUTERS/Jorge Silva

CARACAS (Reuters) - Les évêques catholiques du Venezuela n'apprécient absolument pas la réécriture du Notre Père par le Parti socialiste (PSUV) en hommage au défunt président Hugo Chavez. "Le Notre Père, qui est la prière par excellence des chrétiens du monde entier, nous vient des lèvres mêmes de notre seigneur Jésus Christ et est par conséquent intouchable", a réagi la conférence des évêques du Venezuela dans un communiqué. Ce Notre Père "chaviste" a été récité lundi à la tribune du congrès du PSUV par une déléguée du Parti. "Notre Chavez qui es aux cieux, sur terre, dans les mers et en nous, délégués, (...) ne nous conduis pas à la tentation du capitalisme mais délivre-nous du mal de l'oligarchie et du crime de la contrebande parce que nous sommes la patrie, la paix et la vie pour les siècles et les siècles. Amen. Vive Chavez", a dit Maria Uribe devant un portrait géant du "père de la révolution bolivarienne". Depuis la mort de leur chef de file, emporté par un cancer en mars 2013, nombre de "Chavistas" invoquent un lien quasi mystique avec lui. Son successeur, Nicolas Maduro, élu le mois suivant sa mort, avait dit l'entendre dans le chant des oiseaux. Chavez lui-même n'hésitait pas à invoquer la figure du Christ dans ses discours, au côté de Karl Marx. Pour l'opposition, cette adulation relève d'un dangereux culte de la personnalité. Pour l'Eglise catholique, le Notre Père chaviste est une offense qui relève du péché d'idolâtrie. "De même que nul n'a le droit de changer les paroles de l'hymne national pour honorer quelqu'un, il est illicite de modifier les paroles du Notre Père", poursuit la conférence épiscopale. Jeudi soir, Nicolas Maduro a rejeté la mise au point de l'Eglise, l'accusant de chercher à salir la mémoire de Chavez. "Ils n'ont pas su se débarrasser de lui de son vivant, ils veulent aujourd'hui persécuter l'amour spirituel que lui voue le peuple", a-t-il dit. "Une nouvelle inquisition est à l'oeuvre pour massacrer cette humble femme", a-t-il poursuivi en prenant la défense de Maria Uribe. La population vénézuélienne est principalement catholique, même si elle y mêle souvent d'autres formes de spiritualité, comme la "santeria" afro-caribéenne. (Henri-Pierre André pour le service français)