Le Niger approuve l'envoi de troupes contre Boko Haram

Un soldat nigérien à Niamey. Le parlement du Niger a approuvé à l'unanimité lundi soir le déploiement de troupes dans le nord du Nigeria dans le cadre d'une mission militaire régionale contre les combattants du groupe islamiste Boko Haram. /Photo d'archives/REUTERS/Joe Penney

par Abdoulaye Massalki NIAMEY (Reuters) - Le parlement du Niger a approuvé à l'unanimité le déploiement de troupes dans le nord du Nigeria dans le cadre d'une mission militaire régionale contre les combattants du groupe islamiste Boko Haram. Le Nigeria, le Niger, le Tchad, le Cameroun et le Bénin se sont mis d'accord ce week-end pour déployer une force commune de 8.700 hommes afin de lutter contre les insurgés responsables de plusieurs milliers de morts et de l'enlèvement de centaines de personnes. "La mise en commun des efforts et des ressources des pays concernés va contribuer sans aucun doute à écraser ce groupe qui fait preuve de mépris à l'égard de la religion musulmane par ses actes barbares", a déclaré Adamou Salifou, président de l'Assemblée nationale nigérienne. Le Niger a massé ces derniers jours plus de 3.000 soldats dans la région de Diffa, dans le sud du pays, à la frontière nigériane. Ces militaires attendaient le feu vert des parlementaires pour intervenir. "Notre pays n'a jamais failli à la solidarité avec ses voisins", a ajouté le président de l'Assemblée nationale devant la totalité des 102 députés présents. Un couvre-feu nocturne a été imposé mardi pour quinze jours dans la région de Diffa, entre 20h00 (19h00 GMT) et 06h00 (05h00 GMT). FEMME KAMIKAZE La ville-frontière de Diffa, dans le sud-est du Niger, a été attaquée lundi par Boko Haram, qui a tué cinq personnes. C'était la troisième opération de ce type en quatre jours des islamistes, qui ont également mené des offensives contre des villages au Cameroun et enlevé les passagers d'un autocar. La calme régnait globalement à Diffa mardi mais des soldats ont abattu une femme portant une ceinture d'explosifs, a-t-on appris de source proche des services de sécurité. Des islamistes, a-t-on ajouté, ont infiltré les groupes de civils nigérians qui se sont réfugiés au Niger voisin. La femme n'a pas obtempéré lorsque les soldats lui ont intimé l'ordre de ne pas s'approcher d'une base militaire et ceux-ci ont alors ouvert le feu. Ils ont ensuite découvert des explosifs fixés sur elle. "La majeure partie des combattants de Boko Haram qui opèrent à Diffa s'étaient mêlés aux déplacés. Ce sont des réfugiés nigérians ou des Nigériens qui étaient au Nigeria", a dit un militaire. Des habitants de Diffa s'affairaient mardi pour trouver une place à bord des autocars quittant la ville. "La situation est très sérieuse à Diffa", a déclaré le ministre nigérien de la Défense, Karidio Mahamadou, sur les ondes d'une radio privée. Au cours des opérations militaires de l'armée nigérienne entre vendredi et mardi, 218 islamistes ont été tués, ainsi que huit soldats et six civils, selon un bilan dressé par l'armée. (Avec Tansa Musa à Yaoundé; Pierre Sérisier, Eric Faye et Guy Kerivel pour le service français)