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Le mouvement de grève s'étend dans l'industrie allemande

HAMBOURG (Reuters) - Le mouvement de grève dans l'industrie allemande s'est étendu mardi, près de 60.000 salariés dans 280 entreprises ayant débrayé à l'appel du syndicat IG Metall.

Face à la santé insolente de l'économie allemande, avec un chômage à son plus bas niveau historique, la plus importante centrale syndicale du pays réclame une hausse de 6% des salaires cette année pour 3,9 millions de salariés de l'industrie.

Les salariés se battent aussi pour une réduction du temps de travail, plus de 20 ans après avoir obtenu la semaine de 35 heures.

En attendant une série de négociations dans les Länder, qui doivent commencer jeudi, le patronat ne propose, pour l'heure, qu'une augmentation de 2% des salaires, assortie d'une prime exceptionnelle de 200 euros qui serait versée au premier trimestre.

En Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le coeur industriel de l'Allemagne, les ouvriers de 140 entreprises, dont Siemens et Thyssenkrupp, ont débrayé et se sont rassemblés devant leurs usines en brandissant des banderoles.

En Bavière plus au sud, plusieurs entreprises, y compris Siemens, BMW et des équipementiers automobiles comme Schaeffler et ZF sont touchés.

Depuis le début de la semaine dernière, quelque 80.000 travailleurs ont participé à la grève, selon IG Metall, qui a annoncé de nouveaux débrayages pour mercredi.

Les grèves sont courantes en Allemagne avant les grandes négociations sectorielles, comme ce fut le cas en 2015 et 2016.

IG Metall a fait de la réduction du temps de travail son cheval de bataille et menacé d'aller au-delà de l'appel à des débrayages de quelques heures pour un mouvement plus dur.

Outre les hausses de salaires, IG Metall réclame une semaine de travail ramenée de 35 à 28 heures et le retour à plein temps, après deux ans, pour les travailleurs par roulement ou ceux qui ont pris un temps partiel pour s'occuper d'enfants ou de parents âgés.

Le patronat a rejeté jusqu'ici ces demandes qui prévoient notamment que l'entreprise aide à compenser la perte de salaire de certains ouvriers ayant réduit leur temps de travail.

Les négociations sont prévues jeudi dans le Bade-Wurtemberg, où sont basés Porsche, la marque de voitures de sport de Volkswagen, Daimler et l'équipementier automobile Bosch notamment.

"Si nous ne constatons pas au moins une volonté de discuter sérieusement de la question jeudi, il y aura une nouvelle escalade", a dit Roman Zitzelsberger, responsable d'IG Metall dans le Bade-Wurtemberg, au quotidien allemand Handelsblatt.

En Bavière, les négociations reprendront le 15 janvier et en Rhénanie-du-Nord-Westphalie le 18 janvier.

Ce conflit salarial fait suite à une année de croissance vigoureuse dans la première économie d'Europe, soutenue par la demande intérieure, alors que les taux d'intérêt et l'inflation restent faibles et que les exportateurs bénéficient de la reprise généralisée dans le monde. Cette situation devrait se prolonger tout au long de l'année 2018, l'institut Ifo ayant prévu le mois dernière une croissance de 2,6% pour cette année.

(Jan Schwartz et Ilona Wissenbach, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Véronique Tison)