Le marché auto français a ralenti en janvier, le diesel chute

par Gilles Guillaume

PARIS (Reuters) - La croissance du marché automobile français a ralenti en janvier et le diesel a encore accéléré sa chute, donnant de nouveaux espoirs aux motorisations alternatives.

Les immatriculations de voitures neuves en France ont augmenté de 2,5% en janvier en données brutes par rapport au même mois de 2017, a annoncé jeudi le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA).

Cette hausse marque une nette décélération par rapport au début 2017 (+10,6% en janvier de cette année-là) ainsi qu'à la croissance de 4,74% enregistrée sur l'ensemble de l'année écoulée grâce à l'embellie des perspectives économiques et à l'engouement pour les nouveaux SUV.

En 2016, la croissance du marché avait atteint 5,1%, après +6,8% en 2015, année qui avait permis de tirer un trait sur cinq années de stagnation ou de baisse consécutives au contrecoup de la fin des primes à la casse décidées sous la présidence de Nicolas Sarkozy pour soutenir un secteur ébranlé par la crise de 2008-2009.

Le marché automobile français a maintenant clairement retrouvé son niveau naturel de deux millions de voitures neuves par an, qu'il connaissait encore juste avant la crise de 2009.

"Nous nous trouvons à des niveaux élevés, il ne faut donc pas s'attendre à des croissances mensuelles comme l'an dernier", commente Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire Cetelem de l'automobile. "Mais le marché garde des fondamentaux solides, et on reste optimiste pour 2018."

L'Observatoire anticipe ainsi une croissance de 3,8% cette année à 2,2 millions de véhicules. Le CCFA, plus prudent, prévoit un marché au mieux en légère croissance, et au pire stable.

Les immatriculations de PSA ont augmenté en janvier de 18,47%, toujours soutenues par Peugeot (+10,5%) tandis que Citroën a progressé de 2,72% et DS, la nouvelle marque haut de gamme du groupe, qui peine à s'imposer dans le club très fermé du premium, a encore reculé de 13,7% à moins de 1.500 voitures.

Le groupe Renault a vu quant à lui ses immatriculations progresser de 2,92% grâce à sa marque low cost Dacia (+14,27%), la marque Renault (-0,66%) ayant souffert d'une base de comparaison défavorable avec un début 2017 en fanfare.

Chez Volkswagen, les immatriculations ont reculé de 14,32%, seules les marques Seat, Skoda et Porsche du géant allemand sauvant la mise avec des hausses allant de 4,4% à 19,6%.

ÉLECTRIQUE, ETHANOL ET GAZ EN EMBUSCADE

Le diesel, tombé en disgrâce depuis l'affaire de trucage des émissions polluantes de Volkswagen, a poursuivi sa chute dans les choix de motorisations des consommateurs. Sa part est tombée en janvier à 41%, contre près de 50% un an plus tôt, un niveau bas inédit depuis que cette motorisation est devenue majoritaire en France dans les années 2000.

Ce recul profite à l'essence (passée en un an de 46,30% du mix énergétique à 52,6%) et à l'hybride essence-électrique (5,3% contre 4,3%). Les autres motorisations alternatives espèrent aussi en profiter.

Si l'électrique pur, qui a enregistré un nouveau record en 2017, a calé en janvier (0,82% de part de marché contre 1,46% un an plus tôt), les bicarburations essence-gaz (GPL ou GNL) ont quadruplé à 0,09% une part de marché longtemps restée encore plus confidentielle.

Les acteurs de la filière estiment que pour réduire, comme elle s’y est engagée, ses émissions de gaz à effet de serre de 60% d’ici 2030 dans les transports, par rapport à 1990, la France devra miser sur le gaz naturel pour véhicules (GNV) dans son mix énergétique.

Pour l’Association française du gaz naturel pour véhicule (AFGNV), seul ce carburant moins émetteur de CO2 que le GPL (gaz de pétrole liquéfié), est immédiatement disponible à coût modéré pour répondre à tous les usages, notamment aux longues distances et au transport de marchandises.

"Le gouvernement prépare un plan de déploiement massif du GNV d'ici 2022", affirmait récemment à Strasbourg Gilles Durand, secrétaire général de cette association. L’annonce pourrait en être faite début 2018.

Autre alternative pour les automobilistes, le superéthanol E85 a quant à lui divisé par deux sa part de marché à 0,02% en janvier. Mais cette carburation pourrait profiter par ricochet du feu vert donné mi-décembre à la commercialisation de kits "flex-fuel" permettant de convertir des voitures essence. Les producteurs d'éthanol estiment à dix millions le potentiel de véhicules pouvant être équipés de ce dispositif coûtant en moyenne 700 euros.

(Avec Sybille de la Hamaide et Nicolas Delame à Paris, Gilbert Reilhac à Strasbourg, édité par Jean-Michel Bélot)