Le M23 proclame la fin de sa rébellion en RDC

par Pete Jones KINSHASA (Reuters) - Le mouvement du M23 a proclamé mardi la fin immédiate de sa rébellion dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) et exprimé sa volonté de parvenir à une solution pacifique avec le gouvernement après vingt mois de crise. Ce développement est intervenu peu après l'annonce par le gouvernement congolais que son armée avait conquis les deux dernières bases des rebelles, près de la frontière ougandaise, au terme d'une offensive éclair lancée ces dernières semaines avec l'appui d'une brigade d'intervention de l'Onu. Acculé militairement, le M23, composé d'anciens soldats déserteurs qui avaient été réintégrés à l'issue d'une précédente rébellion, a choisi de déposer les armes. "Le chef d'état-major et les commandants de toutes les unités principales (de la rébellion) sont priés de préparer les troupes au désarmement, à la démobilisation et à la réintégration selon des termes à convenir avec le gouvernement du Congo", a déclaré Bertrand Bisimwa, chef de l'aile politique du M23, dans un communiqué. Cette annonce répond à une exigence formulée quelques heures plus tôt par les dirigeants africains de la région réunis à Pretoria, en Afrique du Sud, depuis lundi soir. A l'issue de ce sommet, les dirigeants des pays des Grands Lacs et de l'Afrique australe disent qu'un accord de paix pourrait être signé dans l'est de la RDC "à condition que le M23 effectue une déclaration publique par laquelle il renonce à la rébellion, à la suite de quoi le gouvernement effectuerait une déclaration publique d'acceptation". "Cinq jours plus tard, un accord serait officiellement signé", ajoutent-ils dans un communiqué signé en leur nom par la présidente du Malawi, Joyce Banda, et le président de l'Ouganda, Yoweri Museveni. "MILITAIREMENT, C'EST TERMINÉ" La déclaration du M23 a été saluée à Pretoria. "Dans une région qui a tellement souffert, c'est évidemment un pas dans la bonne direction", a dit Russell Feingold, l'envoyé spécial des Etats-Unis pour le Congo et la région des Grands Lacs. L'émissaire américain a précisé que la question délicate de l'amnistie des rebelles et de leur réintégration dans l'armée serait la clé d'un accord politique viable, pour éviter que se reproduise l'échec d'un précédent accord signé en 2009 avec les rebelles tutsis du CNDP. Russell Feingold a néanmoins plaidé pour que les auteurs présumés de graves violations des droits de l'homme répondent de leurs actes devant la justice et ne bénéficient pas d'une amnistie. Il s'est par ailleurs dit confiant dans le fait que le Rwanda, accusé par l'Onu de soutenir le M23 -ce qu'il nie- appuiera la cessation des hostilités. "Je n'ai rien entendu de la part du gouvernement rwandais qui irait à l'encontre de la fin de la rébellion", a souligné l'émissaire américain. La capitulation du M23 a été fêtée à Kinshasa, où des centaines de femmes ont participé à une marche en direction du Parlement, en chantant à la gloire du président Joseph Kabila et de l'armée. Le gouvernement dit que l'armée congolaise a pris aux premières heures de la journée deux positions du M23 présentées par l'état-major comme les derniers bastions des rebelles dans l'est de la RDC. "Tshanzu et Runyoni ont été pris par l'armée vers 03h00 (00h00 GMT). De nombreux combattants du M23 se rendent", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende. "Militairement, c'est terminé." Le M23 neutralisé, l'attention de l'armée congolaise et des troupes de l'Onu devrait désormais se tourner vers les rebelles du FDLR, un mouvement composé en partie de Hutus rwandais qui ont participé au génocide des Tutsis en 1994, dont la présence sur le sol congolais a souvent été utilisée par Kigali comme prétexte pour intervenir militairement dans l'est de la RDC. Une vingtaine d'autres groupes armés contestent l'autorité du gouvernement de Kinshasa, de la région pétrolière et aurifère de l'Ituri, dans le nord-est du pays, à la province riche en cuivre du Katanga, dans le sud-est. Bertrand Boucey et Tangi Salaün pour le service français, édité par Gilles Trequesser