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Le Labour promet de raboter les niches fiscales des plus aisés

Le chef de file des travaillistes britanniques Ed Miliband. Le Labour s'est engagé à supprimer un dispositif fiscal qui permet aux plus aisés de réduire le montant de leur impôt sur le revenu tiré de leurs activités à l'étranger, s'il remporte l'élection du 7 mai prochain en Grande-Bretagne. /Photo prise le 8 avril 2015/REUTERS/Peter Nicholls

par William James LONDRES (Reuters) - Les travaillistes britanniques ont promis mercredi qu'ils supprimeraient un dispositif fiscal qui permet aux plus aisés de réduire le montant de leur impôt sur le revenu tiré de leurs activités à l'étranger, s'ils remportent l'élection du 7 mai prochain. Une telle réforme concernerait près de 116.000 contribuables résidents en Grande-Bretagne et qui sont dispensés de payer l'impôt sur le revenu sur les sommes gagnées à l'étranger dès lors qu'elles ne sont pas rapatriées. En s'attaquant aux plus aisés à moins d'un mois d'un scrutin qui s'annonce serré, le Labour espère attirer une partie de l'électorat qui fustige ce qu'il perçoit comme des avantages accordés aux plus riches alors que les classes moyennes subissent les effets de la rigueur économique. Un sondage YouGov pour le journal The Sun publié mercredi accorde deux points d'avance aux travaillistes sur les conservateurs de David Cameron, avec 35% d'intentions de vote pour les premiers et 33% pour les deuxièmes. Suivent le parti de l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP) avec 14% , les libéraux-démocrates (8%) et les Verts (5%). "Pourquoi y aurait-il une règle pour les uns et une autre pour tous les autres ? Ce n'est pas équitable, ce n'est pas juste, c'est un frein pour la Grande-Bretagne. Nous allons y mettre fin", a déclaré le chef de file des travaillistes, Ed Miliband, lors d'un discours de campagne. "Nous allons la remplacer par un principe simple. Quiconque réside au Royaume-Uni de manière permanente paiera l'impôt." Le système "non-dom" qui désigne les individus non-domiciliés au Royaume-Uni est accusé d'être utilisé par des citoyens britanniques pour transférer leurs revenus à l'étranger et se soustraire à l'impôt. Les gouvernements successifs se sont abstenus d'abroger ce dispositif afin d'éviter de s'aliéner les entrepreneurs étrangers qui risqueraient de quitter le pays. Cette législation remonte à la toute fin du XVIIIe siècle: il s'agissait d'épargner les citoyens propriétaires de biens dans les colonies du paiement d'une taxe destinée à financer la guerre à venir contre Napoléon. Le Labour, qui a promis de taxer les logements de prestige et de relever le taux de la tranche supérieure de l'impôt sur le revenu, accuse régulièrement les conservateurs de protéger les plus riches au détriment des électeurs ordinaires. Selon les travaillistes, la réforme fiscale pourrait être mise en oeuvre dès avril 2016 et rapporter des centaines de millions de livres au Trésor public et contribuer à la réduction des déficits. Le ministre des Finances George Osborne a contesté ces affirmations, renvoyant les travaillistes aux propos de leur spécialiste des Finances, Ed Balls, qui avait déclaré en janvier que la suppression du statut "non-dom" aurait un coût pour les Finances publiques puisqu'elle provoquerait le départ de nombreux résidents. "En quelques heures, leur projet a été réduit à néant (...) c'est un exemple typique de chaos économique, du désordre que vous obtiendrez avec Ed Balls", a dit le chancelier de l'Échiquier. Ed Balls, qui remplacerait George Osborne en cas de victoire travailliste le 7 mai, s'est défendu en expliquant que ses propos étaient compatibles avec les projets du Labour qui prévoient un régime temporaire d'exception d'une durée de deux ou trois ans pour les étrangers résidents en Grande-Bretagne pour étudier ou travailler. (Nicolas Delame pour le service français)