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Le Kurdistan syrien vote et envoie un message à Assad

Le Kurdistan syrien entame vendredi un processus électoral présenté comme "historique" qui ne vise pas, à ce stade, à déboucher sur l'indépendance mais à adresser un message au président syrien. /Photo prise le 21 septembre 2017/REUTERS/Alaa Al-Marjani

par Tom Perry BEYROUTH (Reuters) - Le Kurdistan syrien entame vendredi un processus électoral présenté comme "historique" qui ne vise pas, à ce stade, à déboucher sur l'indépendance mais à adresser un message au président syrien. Le message des Kurdes syriens à Bachar al Assad est, en gros : laissez-nous tranquilles, sinon on risque la partition. L'administration kurde dans le nord de la Syrie est dirigée par le Parti de l'Union démocratique (PYD), qui a souhaité organiser ce processus électoral en trois phases. Il vise, avec l'avènement d'un système fédéral, à cimenter l'autonomie dont le Kurdistan syrien dispose depuis 2011. Vendredi, les électeurs sont invités à choisir les dirigeants de 3.700 communautés ou "communes". Suiva en novembre l'élection de conseils locaux puis en janvier celle d'une assemblée régionale, sorte de parlement local. La structure politique devant être mise en place est largement inspirée des idées d'Abdullah Öcalan, l'ancien chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui purge une peine de prison à vie en Turquie. Le PKK, qui mène une insurrection armée dans le Sud-Est turc depuis trois décennies, est considéré comme une organisation terroriste par Ankara L'autonomie du Kurdistan syrien inquiète donc fortement la Turquie, qui considère le PYD, et son bras armé, les YPG (Unités de protection du peuple), comme une extension du PKK. RISQUES DE PARTITION Le régime du président Assad tolère, lui, le contrôle kurde sur certaines parties du pays mais dit s'opposer au système fédéral décentralisé défendu par le PYD et dit que les conseils mis en place par les Kurdes sont des "structures provisoires". Il s'oppose toutefois à ce processus électoral. Les dirigeants du PYD préviennent, eux, que toute velléité de Damas de reprendre le contrôle de l'intégralité du territoire syrien se heurtera à la résistance des Kurdes. "L'insistance du régime à rétablir un système centralisé autoritaire aggravera la crise dans le pays", prédit Hadiya Youssef, qui co-préside une assemblée constituante faisant partie du processus politique en cours. "En insistant sur cette position, le régime conduirait la Syrie vers la partition", a-t-elle déclaré dans un entretien accordé à Reuters par téléphone, ajoutant que les Kurdes avaient les moyens de se défendre. Les miliciens kurdes des YPG ont assumé un rôle grandissant en Syrie dans la lutte contre les djihadistes du groupe Etat islamique (EI). Ils contrôleraient désormais un quart du territoire. Les YPG représentent la principale composante des Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance arabo-kurde soutenue militairement et politiquement par les Etats-Unis. Washington a néanmoins exprimé l'an dernier son opposition à l'existence de régions autonomes en Syrie et dénonce, de même, le référendum sur l'indépendance du Kurdistan irakien prévu lundi prochain. (Gilles Trequesser pour le service français)