Le HCR tire la sonnette d'alarme avant l'assaut à Mossoul

par Tom Miles GENEVE (Reuters) - Des centaines de milliers d'habitants de Mossoul pourraient être tentés de quitter la ville, tenue par le groupe djihadiste Etat islamique, avant l'assaut de l'armée irakienne, mais l'Onu pourrait ne pas avoir grand-chose d'autre à leur offrir que des bâches et une planche de bois pour qu'ils s'abritent. Bruno Geddo, qui dirige le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés en Irak, a dit s'attendre à ce que la bataille soit lancée en octobre au plus tôt, avant fin 2016 au plus tard. "Mossoul est susceptible de devenir la plus grande catastrophe humaine jamais vue depuis des années", a déclaré Bruno Geddo lors d'une conférence de presse. "Plus d'un million de personnes pourraient être déplacées en raison de l'offensive attendue. Les Nations unies s'attendent à devoir fournir de l'eau, de la nourriture et des abris à 700.000 personnes, tandis que le HCR construit ou projette de construire onze camps alimentés en électricité et en eau, ainsi que 20.000 abris familiaux, des tentes capables d'abriter six personnes. Le gouvernement irakien prévoit de son côté d'aider jusqu'à 150.000 autres personnes, portant à 400.000 le nombre potentiel de réfugiés privés d'abris. L'Onu manque à la fois de temps et de terrains disponibles mais se prépare à mettre sur pied des camps d'urgence à proximité de Mossoul. Ces camps compteront 18.000 tentes dans des espaces ouverts et ceux qui n'auront pas eu la chance d'obtenir de place se verront peut-être remettre l'un des 50.000 kits d'abris d'urgence. "Un kit d'abris d'urgence est un sac de 15 kilos qui comprend un marteau, une corde, du fil de fer, des clous, une bâche et du bois. Tous seront utilisés pour construire des abris rudimentaires", a expliqué Bruno Geddo. Une centaine de milliers d'autres kits contenant des objets de première nécessité, couvertures, bidons, seaux et ustensiles de cuisine, seront distribués. Les Nations unies ont prévenu en juillet qu'elles auraient besoin de 284 millions de dollars (252 millions d'euros) pour se préparer à l'assaut sur Mossoul et jusqu'à 1,8 milliard pour en gérer les retombées. Or, les besoins du HCR ne sont couvertes qu'à hauteur de 33%. "Si les fonds arrivent au moment où la crise atteint les écrans de télévision, il sera trop tard", a prévenu Bruno Geddo. "Chaque abri familial coûte 2.000 dollars. Il nous manque 6.200 abris familiaux, ce qui représente 15 millions de dollars, ne n'est pas bon marché." La situation pourrait même tourner au cauchemar si les combattants de l'EI décident de faire leur baroud d'honneur et que la ville est massivement détruite ou qu'ils se servent des civils comme de boucliers humains. (Tom Miles, Nicolas Delame pour le service français)