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Accord de réconciliation entre le Hamas et le Fatah

par Nidal al-Mughrabi et Omar Fahmy LE CAIRE/GAZA (Reuters) - Le Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas et le Hamas ont signé jeudi au Caire un accord de réconciliation, dix ans après la prise de contrôle de la bande de Gaza par le Mouvement de la résistance islamique. Le Fatah avait dû abandonner la bande de Gaza en juin 2007, à l'issue d'un bref conflit avec le Hamas, mouvement radical considéré comme terroriste par l'Occident et Israël. Le mois dernier, grâce à la médiation du Caire, le Hamas, de plus en plus isolé politiquement et financièrement, a accepté de céder le contrôle du petit territoire côtier au gouvernement Abbas, et notamment le seul point de passage entre Gaza et l'Egypte à Rafah. Jeudi, dans la bande de Gaza, des milliers de Palestiniens sont descendus dans les rues pour célébrer l'accord, chantant, dansant et agitant des drapeaux palestiniens et égyptiens. A Jérusalem, un responsable israélien a souligné que cette réconciliation entre Palestiniens devait respecter les accords internationaux et les conditions fixées par le Quartet sur le Proche-Orient, notamment que le Hamas reconnaisse Israël et renonce à la lutte armée. Le Hamas et le Fatah avaient accepté en 2014 de former un gouvernement de réconciliation nationale mais le processus avait été bloqué par des récriminations mutuelles. Lors de la cérémonie de signature jeudi au Caire, le chef de la délégation du Fatah, Azzam Al-Ahmed, s'est félicité de voir "le gouvernement légitime, le gouvernement de consensus" retrouver sa place à Gaza, "conformément à la loi". POINT DE PASSAGE DE RAFAH Le gouvernement d'union, a-t-il ajouté, "dirigera toutes les institutions, sans aucune exception", et notamment le point de passage de Rafah que la garde présidentielle de Mahmoud Abbas prendra en charge le 1er novembre, sous la supervision de la Mission de l'Union européenne d'assistance aux frontières (Eubam). La décision du déploiement de l'Eubam sera prise en accord avec l'Autorité palestinienne et le gouvernement israélien. Le transfert du contrôle administratif de la bande Gaza au gouvernement d'union devra être achevé le 1er décembre. "Nous, membres du Hamas, sommes déterminés (...) Nous avons dissous la commission administrative (ndlr-gouvernement du Hamas) et ouvert la voie à la réconciliation qui s'est opérée aujourd'hui", a déclaré Saleh Arouri, le chef des négociateurs du Hamas. Environ 3.000 membres des forces de sécurité du Fatah, venus de Cisjordanie, doivent renforcer la force de police gazaouie. Mais le Hamas restera le groupe armé palestinien le plus puissant, avec environ 25.000 hommes. Un accord a aussi été trouvé sur le sort des plus de 40.000 fonctionnaires embauchés par le Hamas dans la bande de Gaza depuis dix ans. En fonction des cas, ils recevront 50% de ce que serait leur salaire s'ils travaillaient pour l'Autorité palestinienne, ou l'équivalent de ce que leur verse actuellement le Hamas. Le Hamas et le Fatah doivent également fixer la date de futures élections, législatives et présidentielle. Les dernières élections législatives, en 2006, avaient été remportées à la surprise générale par le Hamas, un résultat qui avait conduit à la rupture entre les deux mouvements. (Avec Hesham Hajali au Caire et Ali Sawafta en Cisjordanie; Nicolas Delame, Henri-Pierre André et Guy Kerivel pour le service français)