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Le groupe Khorasan, émanation d'Al Qaïda, également visé en Syrie

par Roberta Rampton et Phil Stewart WASHINGTON (Reuters) - Les forces américaines qui ont frappé dans la nuit de lundi à mardi l'Etat islamique en Syrie ont également visé une unité d'Al Qaïda, le groupe Khorasan, qui, affirme Washington, se préparait à lancer des attaques imminentes contre des cibles américaines ou européennes. "Depuis un certain temps, nous traquons des complots visant à commettre des attentats aux Etats-Unis ou en Europe", a déclaré mardi Ben Rhodes, conseiller national adjoint à la sécurité de Barack Obama. "Nous pensons que ce projet était imminent", a-t-il dit aux journalistes accompagnant le président américain à bord d'Air Force One à destination de New York pour l'assemblée générale des Nations unies. L'armée américaine a précisé avoir mené huit frappes contre les activistes du groupe Khorasan à l'ouest d'Alep. Parmi les cibles retenues figuraient des camps d'entraînement, des ateliers de fabrication d'explosifs et des munitions et un centre de communications. Contrairement aux frappes contre les cibles de l'Etat islamique, auxquelles plusieurs pays arabes alliés de Washington ont participé, l'attaque contre le groupe Khorasan a été menée par les seules forces américaines. Intégré au Front al Nosra, le mouvement rebelle syrien affilié à Al Qaïda, le groupe Khorasan est formé de figures historiques d'Al Qaïda. "Il inclut d'anciens agents d'Al Qaïda, des membres du noyau dur d'Afghanistan et du Pakistan, qui ont gagné la Syrie et restent selon nous affiliés à Al Qaïda", a précisé Ben Rhodes. Le groupe s'est installé en Syrie non pas pour participer à la lutte contre le régime de Bachar al Assad mais "pour y disposer d'un refuge sûr afin de concevoir des attentats à l'étranger, fabriquer et tester des engins explosifs et recruter des Occidentaux pour mener à bien ces opérations", précise dans un communiqué le Commandement central des forces américaines (CentCom), qui couvre notamment le Moyen-Orient. SEPT MILLIONS DE DOLLARS Le lieutenant-général William Mayville, directeur des opérations à l'état-major interarmes, a souligné que le groupe Khorasan avait essuyé l'essentiel de la première vague des frappes de la nuit, soit plus de 40 missiles de croisière Tomahawk tirés depuis des bâtiments croisant dans la mer Rouge et dans les eaux du Golfe. D'après l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), les frappes visant cette émanation d'Al Qaïda ont fait une cinquantaine de morts dans ses rangs. Sur les réseaux sociaux, des militants pleurent la mort de deux hauts responsables du groupe, Abou Youssef al Turki et, surtout, Mohsin al Fadhli, considéré comme un des chefs du groupe et dont Washington a mis à prix la capture pour 7 millions de dollars. L'administration américaine n'a pas confirmé la mort de Fadhli. Le lieutenant-général Mayville, soulignant que l'impact des frappes était encore en cours d'évaluation, a précisé que l'objectif de la nuit n'était pas d'éliminer des personnalités du groupe, mais ses installations de commandement et de contrôle. D'après le département d'Etat, Mohsin al Fadhli, d'origine koweïtienne, était en contact très étroit avec le haut commandement d'Al Qaïda au moment des attentats du 11 septembre 2001. Présenté comme un "facilitateur" et un financier, Fadhli, né en 1981, passé par l'Afghanistan au côté des taliban, aurait même fait partie, malgré son jeune âge, du cercle très restreint des chefs de la nébuleuse d'Oussama ben Laden à avoir été averti avant l'attaque. Les autorités américaines estiment qu'il a aussi joué un rôle de premier plan dans l'émergence d'Al Qaïda en Irak, sous le commandement d'Abou Moussab al Zarkaoui, dans les années 2005-2008. Avant de rejoindre la Syrie, il aurait séjourné en Iran. Dans une note de 2012, le département d'Etat note que Fadhli a participé aux déplacements de nombreux militants d'Al Qaïda depuis le Pakistan vers l'Europe, l'Afrique du Nord et la Syrie via l'Iran et la Turquie. (Danielle Rouquié et Henri-Pierre André pour le service français, édité par Tangi Salaün)