Le Grand Paris Express confirmé, avec des lignes différées

La construction de certaines lignes du Grand Paris Express sera différée pour garantir la réalisation de l'ensemble de ce "chantier du siècle" d'ici 2030 malgré un surcoût attendu d'une dizaine de milliards d'euros, a annoncé jeudi Edouard Philippe (photo). /Photo prise le 20 février 2018/REUTERS/Gonzalo Fuentes

PARIS (Reuters) - La construction de certaines lignes du Grand Paris Express sera différée pour garantir la réalisation de l'ensemble de ce "chantier du siècle" d'ici 2030 malgré un surcoût attendu d'une dizaine de milliards d'euros, a annoncé jeudi Edouard Philippe.

Le Premier ministre a confirmé l'objectif de mise en service d'ici les Jeux olympiques de 2024 d'un grand nombre de nouvelles lignes, seul le sort d'une liaison qui doit être utilisée par des milliers de journalistes restant pour l'instant incertain.

L'objectif est d'éviter que le projet "devienne la cause d’une immense frustration", a-t-il dit en présentant ces arbitrages avec la ministre des Transports, Elisabeth Borne.

Alors que des promesses intenables avaient été selon lui faites dans le passé, "le gouvernement a décidé de reprendre en main ce projet et de tenir un langage de vérité".

Face aux défis techniques et au dérapage attendu des coûts - 10 milliards d'euros selon la Cour des comptes, à 35 milliards - "je ne trouve absolument aucun plaisir à jouer les pères la rigueur", a-t-il ajouté.

"Mais mon rôle, c'est de rappeler le principe de réalité. De redonner de la robustesse à un projet qui sinon pourrait trembler sur ses bases."

Edouard Philippe a demandé à la Société du Grand Paris (SGP) d'examiner comment baisser le coût du projet d'environ 10%.

Elisabeth Borne a précisé le nouveau calendrier.

Elle a annoncé la mise en service d'ici 2024 des extensions de la ligne 14 au nord et jusqu'à l'aéroport d'Orly, du tronçon commun 16-17 entre Saint-Denis-Pleyel et Le Blanc-Mesnil, de la 15 sud et de la 16 entre Le Bourget RER et Clichy-Montfermeil.

Les autres lignes feront l'objet d'"un recalage".

RÉGION ET DÉPARTEMENTS CONDAMNENT "UN SCANDALE D'ÉTAT"

Pour la ligne 18, la liaison Orly-Plateau de Saclay sera réalisée d'ici 2027, soit trois ans plus tard qu'annoncé, l'objectif de mise en service en 2030 de la section jusqu'à Versailles étant maintenu.

Pour accompagner le développement à court terme du Plateau de Saclay, site d'excellence scientifique inquiet du report, l'offre de desserte en bus sera renforcée, a-t-elle précisé.

Pour la ligne 17, l'objectif est de mettre en service la partie nord jusqu'au Triangle de Gonesse d'ici 2027. Et la procédure d’appels d’offres devra déterminer s’il est possible de desservir la gare du Bourget aéroport à temps pour les Jeux olympiques de 2024.

Le bouclage de la ligne 15 sera réalisé en 2030, a-t-elle ajouté.

La présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse (Les Républicains), et les présidents de tous les départements franciliens ont condamné ces reports et "un absolu mépris du Premier ministre pour la voix des élus et les habitants de petite et grande couronne".

Dénonçant dans un communiqué commun un "scandale d'Etat", ils estiment que "les annonces du Premier ministre ne font que confirmer l'incapacité de l'Etat à piloter ce "chantier du siècle".

Le président de la métropole du Grand Paris, Patrick Ollier, avait été plus positif. "Je me réjouis que le gouvernement ait assumé ses responsabilités", a-t-il dit à des journalistes. "Le projet est préservé, c'est ça qui est important. Pour les retards, il va falloir nous organiser."

Le projet du Grand Paris Express prévoit au total 200 kilomètres de nouvelles lignes de métro automatique et la construction de 68 nouvelles gares. Il devrait mobiliser 15.000 personnes et 30 tunneliers, dont une vingtaine simultanément.

Quelque 300 chantiers pourraient être ouverts.

Sur la durée du quinquennat, près de 16 milliards d'euros de dépense publique seront engagés par la SGP.

Pour garantir que tout le projet se fera, le gouvernement souhaite que tous les marchés soient signés d'ici 2022.

Edouard Philippe a précisé qu'il souhaitait une nouvelle gouvernance pour la SGP, avec un nouveau dirigeant, pour renforcer le contrôle de l'Etat du conseil de surveillance.

(Jean-Baptiste Vey, avec Julie Carriat, édité par Yves Clarisse)