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Le gouvernement polonais veut museler ses juges, manifestations à Varsovie

Le gouvernement ultra-conservateur polonais veut mettre au pas les juges, ce n'est pas nouveau. Mais c'est la goutte de trop pour les magistrats et la population qui les soutient et manifeste depuis le début de la semaine à Varsovie et ailleurs. Le projet de loi qui vient d'être approuvé en première lecture mais retourne en commission pour modification est critiqué de tout bord. Car elle pourrait venir museler des juges qui s'élève contre le pouvoir. Krystian Markiewicz, président de l'association des magistrats polonais, manifestait aux côtés des milliers de polonais. Il s'est adressé à la foule en ces termes : "Les juges sont des criminels maintenant. Ils sont accusés de commettre des crimes, juste parce qu'ils sont courageux et osent rendre des jugements en conformité avec la loi, la constitution, les valeurs européennes et leur conscience". Si cette loi passe, les magistrats qui oseraient critiquer les réformes de la justice ou les nouvelles institutions nées de ces réformes pourraient être sanctionnés voire destituer. L'indépendance de la justice ne serait donc plus assurée. Mais pas pour le gouvernement et son ministre de la justice Zbigniew Ziobro : "Cette loi protège l'état de droit démocratique en s'opposant au pouvoir des tribunaux qui tentent d'entrer par la porte de derrière, causant à la fois le chaos, l'anarchie et le désordre." Le pouvoir présente son projet comme destiné à éviter le chaos dans le système judiciaire polonais. Mais pour l'opposition, le risque de chaos vient précisément des réformes qui sont aussi critiquées par la Commission Européenne. "Nous débattons là d'une loi muselière qui va une fois pour toute enterrer la séparation des pouvoirs en Pologne et les principes fondamentaux de la civilisation occidentale" , a expliqué Borys Budka, député de l'opposition quand il a pris la parole au parlement. Il faut savoir que les réformes de la justice menées depuis 4 ans par la majorité ultraconservatrice du PiS (Droit et justice) sont sous le coup d’une procédure de sauvegarde de l’Etat de droit enclenchée par la Commission européenne.