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Macron assure que les contestations ne le feront pas dévier

BRUXELLES/PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron a affiché vendredi sa détermination à tenir le cap des réformes au lendemain de la mobilisation des cheminots et des fonctionnaires, malgré la proposition de la CGT d'une nouvelle journée de grèves et de manifestations le 19 avril.

"Ces contestations ne sont pas de nature à conduire le gouvernement à revenir sur les engagements qui ont été pris durant la campagne et sur ce qui a d’ores et déjà commencé à être mis en oeuvre", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Bruxelles au côté d'Angela Merkel.

Prié de dire quel serait l'impact des mouvements sociaux sur sa capacité à réformer l'Europe, le président français a déclaré après un Conseil européen : "l'impact n'existe pas".

"Parce que c’est normal qu’un pays qui conduit des réformes ait à faire face à des mouvements sociaux, à des protestations ou à des débats parlementaires selon la tradition du pays. C’est normal", a ajouté le président français.

Les syndicats ont lancé jeudi un premier défi de grande ampleur à Emmanuel Macron avec des défilés de fonctionnaires dans toute la France et de cheminots à Paris.

La CGT et Force ouvrière (FO) ont annoncé une participation de 500.000 personnes, alors que le ministère de l'Intérieur et la préfecture de Paris ont calculé un total de 323.000 manifestants.

"FLÉCHISSEMENT"

La ministre des Transports, Elisabeth Borne, a déclaré vendredi que le gouvernement ne fléchirait pas sur la réforme du rail, notamment la fin du recrutement au statut de cheminot.

"L'ouverture à la concurrence va venir et il faut que la SNCF s’y prépare", a-t-elle dit sur LCI, ajoutant que certains syndicats voulait faire "un amalgame entre tous les sujets".

Evoquant un "léger fléchissement" de la participation des fonctionnaires par rapport à leur précédente mobilisation, le 10 octobre dernier, le ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin a lui aussi réaffirmé la position de l'exécutif.

Face à des fonctionnaires inquiets des réformes à venir et désireux de défendre leur pouvoir d'achat, il a confirmé le gel du point d'indice et défendu la volonté de l'exécutif de procéder à des hausses de rémunération différenciées.

"Il y a des agents dans la fonction publique qui sont payés correctement et d'autres qui sont effectivement mal payés", a-t-il dit sur Europe 1 en évoquant un "rattrapage" pour les infirmières ou les agents de catégorie C (la plus basse).

Pour le gouvernement, il n'y a pas pour l'instant de "convergence de luttes", le but poursuivi par la CGT pour faire plier le gouvernement en agrégeant les mécontentements.

Le numéro un de la CGT, Philippe Martinez a ainsi proposé jeudi une nouvelle journée nationale de mobilisation interprofessionnelle le 19 avril prochain, ce qui coïncide avec une journée de grève des syndicats de la SNCF.

"Nous avons besoin d'élargir la lutte. Le mouvement est divers et nous avons besoin de dire au gouvernement 'soit vous écoutez, soit on poursuit la lutte'", a-t-il dit sur Sud Radio.

BISBILLES SYNDICALES

Pourtant, l'union syndicale n'est pas acquise.

Interrogé sur franceinfo sur cette proposition de nouvelle mobilisation, le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, a répondu qu'il l'apprenait à l'antenne.

"Pour décider d'une journée, il faut qu'on en discute avant. Ce n'est pas une organisation qui décide pour tout le monde.", a-t-il souligné.

La veille, le secrétaire général de la CFDT avait dit que l'opposition systématique était stérile.

"La convergence des luttes, ce n'est pas la tasse de thé de la CFDT, pour une raison simple, c'est que la convergence des luttes, elle ne permet jamais d'avoir des résultats concrets", a déclaré Laurent Berger jeudi sur RTL.

Sur le plan politique, la manifestation a été l'occasion pour les partis de gauche de montrer leur soutien aux Français hostiles aux réformes. Malgré leurs divisions passées, la plupart des organisations de gauche, hors PS, avaient signé lundi un appel à soutenir la journée d'action.

Jeudi à Paris, des acclamations ont accueilli Jean-Luc Mélenchon, qui a beaucoup parlé aux caméras, devant lesquelles il a même fait exploser à coup de masse une bombe de chantier.

Des huées ont en revanche accompagné l'arrivée du futur premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, qui a dit comprendre l'hostilité de Français déçus par la politique menée lors du quinquennat de François Hollande.

Dans la bouche du gouvernement, on ciblait vendredi le cavalier seul du leader de La France insoumise, qui se présente régulièrement comme l'opposant numéro un au pouvoir, même s'il a reconnu avoir échoué à mobiliser la rue contre la réforme du Code du travail à l'automne dernier.

Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a dénoncé "la récupération politique insensée" de Jean-Luc Mélenchon, accusé de "profiter de ces manifestations pour se refaire une santé politique".

Pour Gérald Darmanin, "Mélenchon fait un peu le coucou et essaie d'incarner quelque chose qu'il n'a manifestement pas suscité".

(Arthur Connan et Elizabeth Pineau, avec Jean-Baptiste Vey à Bruxelles, édité par Yves Clarisse.)