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Le gouvernement brésilien à nouveau ébranlé par un scandale

par Anthony Boadle et Lisandra Paraguassu BRASILIA (Reuters) - Le ministre chargé de la lutte contre la corruption du nouveau gouvernement brésilien a dû se défendre à son tour lundi d'implication dans un scandale de corruption qui ébranle le pays depuis des mois. Fabiano Silveira, ministre de la Transparence, est le deuxième membre de l'administration du président intérimaire Michel Temer à faire l'objet de soupçons. Plusieurs centaines d'employés de son ministère lui ont interdit lundi l'accès au bâtiment puis ont défilé en direction du palais présidentiel pour réclamer son départ. La semaine dernière, Romero Juca, sénateur nommé ministre de la Planification dans le gouvernement intérimaire, avait déjà été contraint à la démission. Michel Temer, vice-président centriste membre du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB), a accédé à la présidence le 12 mai dernier lorsque les sénateurs ont voté la suspension de Dilma Rousseff. Ecartée le temps de son procès instruit au Sénat, la présidente suspendue, qui risque une destitution définitive, est accusée d'avoir truqué les comptes publics pour favoriser sa réélection en 2014. Rousseff et ses partisans dénoncent en retour un coup d'Etat et affirment que toute la procédure de destitution vise à étouffer une vaste affaire de corruption impliquant des entreprises du BTP, des partis politiques et la compagnie pétrolière Petrobras, dont le directeur général, Aldemir Bendine, a présenté lundi sa démission. Michel Temer s'en défend. Mais les révélations accablant son ministre de la Transparence, une semaine après la démission de son ministre de la Planification, noircissent le tableau et donnent des arguments aux pro-Rousseff, pour lesquels l'administration intérimaire n'a pas de légitimité. OPERAÇÃO LAVA JATO Les accusations portées contre le ministre de la Transparence découlent de conversations enregistrées à son insu il y a plus de trois mois et révélées dimanche soir par la chaîne de télévision Globo. On y entend Fabiano Silveira critiquer les procureurs chargés de l'enquête sur l'existence de ce vaste réseau de surfacturations et de corruption autour de Petrobras et expliquer au président du Sénat, Renan Calheiros, comment se défendre au mieux. D'après Globo TV, d'autres enregistrements suggèrent que le ministre a tenté à plusieurs reprises d'obtenir des procureurs des informations sur le déroulement de leur enquête et en aurait fait part à Calheiros. Silveira était alors conseiller du Conseil de justice nationale, chargé de superviser le fonctionnement de la justice brésilienne. Un porte-parole du ministre a confirmé la réalité de ces conversations mais a assuré que les extraits avaient été sortis de leur contexte. De source gouvernementale, on indique que Silveira restera en fonction. L'enquête sur l'opération "Lavage express" (Operação Lava Jato), ouverte il y a deux ans, a déjà conduit à l'inculpation de plusieurs dizaines de cadres d'entreprises. Des dizaines de responsables politiques, dont plusieurs membres du PMDB de Michel Temer et du Parti des travailleurs (PT) de Dilma Rousseff font l'objet d'investigations. Le scandale porte sur un système complexe de surfacturations et de dessous-de-table dans le cadre de marchés publics passés par la compagnie pétrolière Petrobras. (Henri-Pierre André pour le service français)