Le Front national reste attaché à la sortie de l'euro

Le Front national a réaffirmé dimanche les grands axes de sa politique, en particulier son attachement à la souveraineté nationale et à la sortie de l'euro, à l'issue d'un séminaire ayant réuni ce week-end une soixantaine de responsables et d'alliés du parti d'extrême droite. /Photo d'archives/REUTERS/Vincent Kessler

PARIS (Reuters) - Le Front national a réaffirmé dimanche les grands axes de sa politique, en particulier son attachement à la souveraineté nationale et à la sortie de l'euro, à l'issue d'un séminaire ayant réuni ce week-end une soixantaine de responsables et d'alliés du Front national. Cette réunion organisée par Marine Le Pen pour trouver le moyen de briser le "plafond de verre" du second tour en vue de la présidentielle de 2017 s'est déroulée dans un country club à Etiolles (Essonne). "Les grandes valeurs et les grands axes de notre projet politique ont été réaffirmés, parmi lesquels la souveraineté nationale et la souveraineté économique et monétaire, conditions sine qua non du redressement de notre pays", peut-on lire dans un communiqué diffusé par le parti au terme du rassemblement. Le FN est "rassemblé, uni derrière Marine Le Pen, il est cohérent" même "s'il y a bien sûr des parcours, des sensibilités qui peuvent s’exprimer", a déclaré Nicolas Bay, eurodéputé et secrétaire général du parti, dimanche soir sur iTELE. Plusieurs participants, comme le maire de Béziers Robert Ménard, qui n'est pas membre du parti, ou encore le député Gilbert Collard, du Rassemblement Bleu Marine, avaient plaidé pour l'abandon de la sortie de l'euro, une perspective qui rebute l'électorat âgé, celui qui fait le plus défaut au FN. Mais la position du Front national n'a pas changé sur ce point et il défend toujours "une sortie concertée" de l'euro, a confirmé Nicolas Bay. "Il faut retrouver une monnaie qui soit un outil au service de notre économie alors qu’on voit bien qu’aujourd’hui on a une économie qui court derrière une monnaie unique qui est un système totalement inadapté", a-t-il dit. Dans l'optique des prochaines échéances électorales, le FN souhaite par ailleurs davantage mettre l'accent sur d'autres aspects de son programme qu'il juge "trop méconnus", comme le soutien aux TPE-PME, la justice fiscale et les questions de santé publique, peut-on lire dans le communiqué du parti. Le Front national compte également élargir ses positions à "de nouvelles thématiques essentielles pour l'avenir: l'innovation et l'industrie du futur, l'écologie et le patriotisme alimentaire", est-il précisé dans ce document. Marine Le Pen fera la synthèse de la réflexion et décidera "des axes de travail qui devraient être déclinés au fil des semaines", avait précisé dans la journée un responsable du FN. La dirigeante du FN pourrait livrer de nouvelles pistes lors de son intervention prévue lundi soir sur TF1. "Très constructif, très productif", avait écrit samedi Florian Philippot, le numéro deux du parti, sur Twitter, a propos de ce séminaire intitulé "vers l'arrivée au pouvoir". UNE IMAGE ÉRODÉE Après l'échec du Front national à gagner des départements ou des régions en 2015, les cadres du Front national se sont efforcés de déterminer comment transformer au second tour les victoires du premier, en particulier à la présidentielle de 2017. Un sondage TNS Sofres pour Le Monde, France Info et Canal+ diffusé vendredi a sûrement alimenté la réflexion des cadres frontistes, car il montre une détérioration de l'image du parti depuis 2015, en dépit de son score élevé du premier tour des régionales. Cinquante-six pour cent des Français (+2 points par rapport à février 2015) considèrent que le FN représente "un danger pour la démocratie", un niveau de défiance inédit depuis l'accession de Marine Le Pen à la présidence du parti (2011), selon l'institut. En outre, l'image de Marine Le Pen se détériore : seuls 28% des Français (-6 points) jugent que la dirigeante d'extrême droite est "honnête" et "inspire confiance", contre 62% (+5 points) qui pensent le contraire. "Un coup d'arrêt semble porté au phénomène de 'dédiabolisation' du FN", malgré des scores électoraux en hausse, relève TNS Sofres. Tous les dirigeants considèrent que le parti souffre encore d'une forte diabolisation, certains attribuant l'échec du second tour des régionales aux propos du Premier ministre Manuel Valls évoquant une "guerre civile" en cas de victoire frontiste. Pour "rassurer", le FN a d'ores et déjà trouvé un nouveau slogan, "La France apaisée", figurant sur les nouvelles affiches du parti avec le visage de Marine Le Pen sur fond champêtre. (Gérard Bon et Sybille de La Hamaide, édité par Myriam Rivet)