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Le Drian justifie le soutien français à Haftar contre le terrorisme

Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, déplore dans une interview au Figaro publiée vendredi les critiques émises contre le soutien présumé de Paris au maréchal Khalifa Haftar, faisant valoir le rôle joué par l'homme fort de l'est libyen dans la lutte contre le terrorisme. /Photo prise le 28 mars 2019/REUTERS/Carlo Allegri

PARIS (Reuters) - Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, déplore dans une interview au Figaro publiée vendredi les critiques émises contre le soutien présumé de Paris au maréchal Khalifa Haftar, faisant valoir le rôle joué par l'homme fort de l'est libyen dans la lutte contre le terrorisme.

L'Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Haftar a lancé une offensive début avril pour conquérir la capitale, tenue par les forces loyales au Gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez al Serraj, reconnu par la communauté internationale.

Cette offensive a fait ressurgir des critiques contre Paris, qui, comme Le Caire et Abou Dhabi, est accusé d'avoir réhabilité en 2016 le maréchal, notamment en raison de son rôle joué dans la lutte contre les "groupes terroristes" et contre l'immigration clandestine.

"C’est triste", estime Jean-Yves Le Drian, interrogé sur ces accusations dans les colonnes du Figaro. "La France a continûment soutenu le gouvernement de Sarraj. Nous l’avons beaucoup soutenu aux Nations unies et sur le plan de la sécurité. Il le sait."

"Je remarque que Fathi Bachagha, le ministre de l’Intérieur, qui attaque régulièrement la France et dénonce son ingérence supposée dans la crise, n’hésite pas à passer du temps en Turquie. Alors, je ne sais pas où sont les interférences", ajoute-t-il.

A la question de savoir si soutenir le maréchal Haftar était une "fausse bonne idée", le chef de la diplomatie française répond : "je vous laisse juge."

"L’Armée nationale libyenne contrôle une grande partie du territoire. Et dans le camp de ses opposants, on trouve parmi les miliciens des responsables de hold-ups, des spécialistes de la prédation et des djihadistes", fait-il valoir.

"Haftar a lutté contre le terrorisme à Benghazi et dans le sud de la Libye, et cela était dans notre intérêt, celui des pays du Sahel, celui des voisins de la Libye. Je soutiens tout ce qui sert la sécurité des Français et des pays amis de la France", ajoute-t-il.

Le soutien au maréchal Haftar, accusé par ses détracteurs de tenter depuis plusieurs années de fomenter un coup d'Etat, est source de divisions au sein de la communauté internationale.

Le Royaume-Uni a présenté mi-avril un projet de résolution au Conseil de sécurité en vue d'instaurer un cessez-le-feu mais s'est heurté au refus de la Russie et des Etats-Unis, selon des sources diplomatiques.

Déplorant ces "divisions très profondes", l'envoyé spécial de l'Onu pour la Libye, Ghassan Salamé, a mis en garde lundi contre la "tentation de l'homme fort", incarné selon lui par Khalifa Haftar qui gouverne d'"une main de fer" et dont "on peut avoir des craintes sur ses méthodes".

(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)