Wall Street plonge avec les inquiétudes géo-politiques

par Sruthi Shankar

NEW YORK (Reuters) - La Bourse de New York a fini en baisse pour la troisième séance de suite jeudi, pâtissant une nouvelle fois du regain de tensions entre les Etats-Unis et la Corée du Nord, une situation qui incite les investisseurs à se replier sur les valeurs refuge que sont les emprunts d'Etat et l'or.

L'indice Dow Jones, qui avait enchaîné lundi un neuvième record de clôture de suite, a perdu 0,93%, soit 204,69 points, à 21.844,01. Le S&P-500, plus large, a perdu 35,81 points, soit 1,45%, à 2.438,21. Le Nasdaq Composite a reculé de son côté de 135,46 points (-2,13%) à 6.216,87.

Le S&P 500 est à ce stade en repli de 1,56% sur la semaine, s'acheminant vers son recul hebdomadaire le plus marqué depuis la semaine qui a précédé l'élection présidentielle américaine du 8 novembre.

L'escalade verbale entre les Etats-Unis et la Corée du Nord est encore montée d'un cran dans la journée, Pyongyang disant que seule la force pouvait fonctionner avec un président américain "dépourvu de raison" et dont les propos ne sont qu'"un tas d'inepties".

Donald Trump a promis "le feu et la fureur" en cas de nouvelles menaces de la part de Pyongyang et vantant la puissance de l'arsenal nucléaire américain, tandis que la Corée du Nord a annoncé l'élaboration d'ici mi-août d'un plan de "tir simultané" de quatre missiles de portée intermédiaire à 30 à 40 km de l'île de Guam.

"Les intervenants de marché cherchent n'importe quelle raison pour une réinitialisation. Celle-ci a déclenchée par les inquiétudes géopolitiques autour de la Corée du Nord et les niveaux de valorisation élevés", note Peter Kenny, chargé de la stratégie marchés chez Global Markets Advisory Group.

L'indice de volatilité VIX du CBOE, surnommé "l'indice de la peur" de Wall Street, a bondi de 44,4% à 16,04 points, soit son niveau le plus élevé depuis le 8 novembre.

Les indicateurs macro-économiques du jour n'ont pas apporté de soutien à la cote, avec d'un côté une hausse inattendue des inscriptions hebdomadaires au chômage et, de l'autre, la plus forte baisse des prix à la production depuis près d'un an.,

APPLE, PLUS FORTE BAISSE DU DOW JONES

Face au yen, autre valeur refuge par excellence, le dollar a perdu 0,8% pour tomber à un creux de huit semaines. Le franc suisse a également continué de monter.

Les cours du pétrole ont de leur côté cédé 2%, toujours sous le coup des inquiétudes des courtiers de voir le marché de l'or noir rester durablement saturé.

La chaîne de grands magasins Macy's a fait état dans la journée d'un bénéfice supérieur aux attentes, le groupe ayant continué de fermer des magasins et de réduire ses stocks dans un contexte difficile pour le secteur de la distribution aux Etats-Unis. Son concurrent Kohl's a également annoncé un bénéfice meilleur qu'attendu.

Mais leurs titres ont respectivement plongé de 10,3%, plus forte baisse du S&P 500, et de 5,8%, quatrième repli le plus prononcé de l'indice

Ce recul s'explique essentiellement par une nouvelle baisse des ventes à magasins constants annoncée par les deux groupes, une évolution qui fait dire aux investisseurs que la reprise de leur activité n'est pas pour tout de suite.

Les résultats de détaillants sont suivis de près par les intervenants de marché, qui se demandent s'ils vont réussir à trouver une stratégie permettant de contrer la croissance du géant du commerce en ligne Amazon.com.

Seul trois composantes du Dow Jones ont terminé dans le vert, McDonald's (+1,10%), Coca-Cola (+0,33%) et IBM (+0,05%).

Apple (-3,19%) et Goldman Sachs

Seul le secteur des "utilities", également vu comme un refuge en temps d'incertitudes par les acteurs de marché, a fini en hausse (+0,25%).

Contre la tendance, le titre Perrigo a bondi de 15,78% à 76,84 dollars après que le fabricant de médicaments génériques a relevé ses prévisions annuelles.

Quelque 7,5 milliards d'actions ont été échangées, soit un total nettement supérieur à la moyenne quotidienne de 6,25 milliards observée au cours des 20 dernières séances.

(Benoit Van Overstraeten pour le service français)