Wall Street plombée par des craintes sur le commerce avec Trump

par Caroline Valetkevitch

NEW YORK (Reuters) - La Bourse de New York a fini en nette baisse jeudi après l'annonce par Donald Trump de nouveaux droits de douane américains sur l'acier, qui a fait surgir le spectre d'une guerre commerciale entre les Etats-Unis et ses principaux partenaires.

Cette crainte s'ajoute aux inquiétudes déjà existantes quant au rythme du resserrement monétaire aux Etats-Unis, qui ont rendu la séance particulièrement volatile avant même l'annonce du président américain.

L'indice Dow Jones a chuté de 420,22 points (-1,68%), à 24.608,98. Le Standard & Poor's 500, plus large et principale référence des investisseurs, a cédé 36,16 points, soit 1,33%, à 2.677,67. Le Nasdaq Composite, à forte composante technologique, a pour sa part fini en baisse de 1,27%, soit 92,448 points à 7.180,561.

Avec cette troisième séance consécutive de baisse, le S&P-500 revient quasiment à l'équilibre sur 2018.

Promettant de défendre une industrie sidérurgique américaine "décimée par des décennies de commerce inéquitable", Donald Trump a annoncé que les Etats-Unis imposeraient la semaine prochaine des droits de douane de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium.

L'Union européenne et le Canada ont d'ores et déjà vivement réagi à l'annonce de cette mesure. La Chine ne s'est pas encore exprimée mais elle avait menacé par avance de réduire ses importations de soja américain en représailles.

Les actions des entreprises du secteur sidérurgique ont grimpé, telles AK Steel (+9,5%), US Steel (+5,75%) et Nucor (+3,26%), mais globalement, ces barrières douanières pourraient faire grimper les coûts de fabrication du reste de l'industrie américaine et de grands groupes comme Boeing, United Technologies ou Caterpillar en ont souffert, avec des reculs d'environ 3%.

DUDLEY ÉVOQUE QUATRE HAUSSES DE TAUX

"La bombe, ç'a été l'annonce (...) sur les droits de douane proposés pour les secteurs de l'acier et de l'aluminium", dit Peter Tuz, président de Chase Investment Counsel. "Ça aide une dizaine de titres de ces secteurs mais cela soulève le spectre de guerres commerciales et les guerres commerciales n'aident pas le marché d'actions."

Tous les indices sectoriels ont baissé et l'indice CBOE de la volatilité (+13,2%) est remonté à un pic de plus de deux semaines, à plus de 22.

"C'est fragile depuis un mois donc tout ce qui peut paraître comme une mauvaise nouvelle va vite entraîner le marché à la baisse", dit Peter Costa (Empire Executions).

Le marché d'actions dans son ensemble a en outre souffert des incertitudes quant au calendrier du resserrement monétaire aux Etats-Unis.

Avant l'ouverture de la séance, la double annonce d'un indice "core PCE", indicateur d'inflation le plus surveillé par la Fed, à un pic d'un an en janvier et d'un recul inattendu des inscriptions au chômage a relancé les spéculations sur la possibilité de quatre hausses de taux de la Réserve fédérale cette année, contre trois prévues pour l'instant.

Cette hypothèse avait été renforcée dès mardi par Jerome Powell lui-même lorsqu'il avait exprimé devant la Chambre des représentants sa confiance dans la solidité de l'économie américaine.

Devant les sénateurs, le nouveau président de la Fed a toutefois paru atténuer ses propos jeudi en mettant cette fois l'accent sur l'absence de preuves tangibles de l'accélération des salaires ou de surchauffe économique.

Peu après, William Dudley, président de la Fed de New York, a cependant jugé que la Réserve fédérale respecterait bien sa promesse d'un relèvement progressif des taux si elle procédait à quatre hausses cette année.

Aux valeurs individuelles, L Brands, propriétaire entre autres de la marque de lingerie Victoria's Secret, s'est effondré de près de 14% après des prévisions trimestrielles mal accueillies.

Best Buy a en revanche gagné près de 4%, le distributeur d'électronique grand public ayant publié des résultats supérieurs aux attentes et annoncé des fermetures de magasins pour améliorer sa rentabilité.

(Avec Sruthi Shankar et Parikshit Mishra à Bangalore; Bertrand Boucey pour le service français)