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Wall Street chute avec Facebook et les techs

par Chuck Mikolajczak

NEW YORK (Reuters) - Wall Street a chuté de plus de 1% lundi, avec un pic de volatilité, dans le sillage de Facebook dont le recul a entraîné l'ensemble du compartiment technologique.

Le réseau social a chuté de 6,77%, sa plus forte baisse depuis mars 2014, après avoir annoncé qu'il enquêtait sur l'utilisation par le consultant extérieur Cambridge Analytica des données personnelles de 50 millions d'utilisateurs qui ont été collectées à son insu depuis 2013 et ont peut-être servi à la campagne électorale de Donald Trump en 2016.

La crainte d'une régulation accrue des géants de l'internet a affecté l'ensemble du secteur technologique, faisant décrocher l'indice Nasdaq Composite de 137,74 points (1,84%) à 7.344,24.

Le Dow Jones, également impacté par une baisse des valeurs industrielles, a fini en baisse de 335,6 points ou 1,35% à 24.610,91, après avoir perdu jusqu'à 425 points en séance.

Le S&P-500, plus large, a perdu 39,09 points ou 1,42% à 2.712,92, repassant sous sa moyenne mobile de 50 jours pour la première fois depuis le début mars.

Même s'ils ont fini au-dessus de leurs plus bas du jour, il s'agit de la plus mauvaise séance pour le S&P-500 et le Nasdaq depuis le 8 février.

Après les révélations sur Facebook, le sénateur républicain Marco Rubio a estimé que certains géants de l'internet avaient grandi trop vite pour intégrer leurs responsabilités et obligations et le Parlement européen a annoncé son intention d'enquêter pour savoir s'il y avait eu utilisation abusive des données privées des utilisateurs du réseau social.

Apple et Microsoft, composantes du Dow Jones, ont perdu respectivement 1,53% et 1,81%, tandis qu'Alphabet, la maison mère de Google, a lâché 3,03%.

Facebook pour sa part en est à 10,8% de baisse depuis sa clôture record du 1er février.

"Personne ne remet en cause les bons fondamentaux des techs mais des secousses comme celles d'aujourd'hui peuvent inciter les investisseurs à prendre leur bénéfice", commente Eric Freedman, directeur des investissements chez U.S. Bank Wealth Management à Minneapolis.

"Tous les groupes technologiques utilisent d'une manière ou d'une autre les données dans le cadre de leurs activités. Il y aura une surveillance accrue des données qu'ils collectent et de l'usage qu'ils en font", ajoute Shawn Cruz, trader chez TD Ameritrade à Chicago.

Les techs ont tiré la tendance du marché américain ces dernières années mais certains analystes estiment que la dépendance des investisseurs vis-à-vis des nouveaux poids lourds de la cote, dont fait aussi partie Amazon.com, accentue le risque d'un retournement brutal.

L'indice sectoriel S&P-500 des techs se traite à un PER relativement élevé de 18,8, soit 12% au-dessus de sa moyenne de 15 ans, selon Thomson Reuters Datastream. L'indice a pris 31% sur l'année écoulée.

PRUDENCE AVANT LA FED

L'approche de la réunion monétaire de la Réserve fédérale, mardi et mercredi, a aussi contribué à l'aversion au risque.

Les marchés ont largement anticipé une hausse d'un quart de point de l'objectif des fed funds mais attendent les nouvelles prévisions de croissance et d'inflation de la Fed ainsi qu'une mise à jour des anticipations des banquiers centraux concernant les relèvements de taux à venir ('dot plots').

"C'est la première réunion de Jerome Powell en tant que président de la Fed et beaucoup s'attendent à un ton un peu plus dur en matière de politique monétaire", dit Shawn Cruz.

Signe de la prudence des investisseurs, l'indice CBOE de la volatilité a grimpé jusqu'à 21,87, l'une de ses plus fortes hausses depuis la correction du début février, avant de revenir à 19,02 en clôture, en hausse de 3,22 points ou 20% sur la séance.

Les 11 indices sectoriels S&P-500 ont fini en baisse, le plus fort recul étant sans surprise pour les technologiques (-2,11%).

Les industrielles ont pour leur part reculé de 0,82% avant une réunion des ministres des Finances du G20 lundi et mardi à Buenos Aires où les velléités protectionnistes du président Trump seront largement évoquées.

Quelque 6,9 milliards de titres ont changé de mains sur les différents marchés américains, à comparer à une moyenne de 7,2 milliards sur les 20 dernières séances.

Sur le marché des changes, l'euro (+0,4%) est repassé au-dessus de 1,23 dollar, porté par la perspective d'un discours moins accommodant de la part de la Banque centrale européenne. D'après des sources au fait des discussions, les débats au sein de la BCE s'orienteraient sur la trajectoire des hausses de taux à venir, l'arrêt avant la fin de l'année du programme de rachats d'actifs étant pleinement intégré par quasiment tout le monde.

L'indice dollar, qui mesure la valeur du billet vert face à un panier de devises de référence, a fléchi de 0,4%.

La baisse des actions a profité aux obligations d'Etat, permettant au rendement des Treasuries à 10 ans de refluer à 2,846% après être monté auparavant jusqu'à 2,879% dans le sillage du marché européen.

Le cours de l'or, sensible aux taux d'intérêt, a touché un plus bas de deux semaines avant de se reprendre en fin de séance. Le pétrole, lui, a légèrement reflué après son rebond de fin de semaine.

(avec Sruthi Shankar à Bangalore, version française Véronique Tison)