Wall Street se replie avec les grands magasins

par Noel Randewich

(Reuters) - La Bourse de New York s'est légèrement repliée jeudi, plombée par la chute de Macy's et de Kohl's dont le recul des ventes, plus fort que prévu, a réveillé les inquiétudes des investisseurs au sujet des chaînes de grands magasins et, plus globalement, de la consommation aux Etats-Unis.

L'indice Dow Jones a cédé 23,69 points, soit 0,11%, à 20.919,42. Le Standard & Poor's 500, plus large et principale référence des investisseurs, a perdu 5,19 points, soit 0,22%, à 2.394,44. Le Nasdaq Composite a pour sa part fini en recul de 13,18 points (-0,22%) à 6.115,96.

Les trois grands indices, portés depuis plusieurs mois par des espoirs de baisses d'impôts aux Etats-Unis et, plus récemment, par les résultats d'entreprise, ont néanmoins fini assez nettement au-dessus de leurs plus bas du jour touchés dans la première partie de séance.

"Tout repli du marché, s'il est ordonné, est sain dès lors que les éléments fondamentaux du marché sont solides", a dit Matthew Peterson, chez LPL Financial.

Huit des 11 grands indices sectoriels du S&P ont fini dans le rouge, avec un repli particulièrement prononcé pour ceux de la distribution (-1,15%) et des biens de consommation discrétionnaires (-0,6%), affectés tous deux par Macy's et Kohl's, les deux premières chaînes de grands magasins à publier leurs résultats trimestriels.

Dans les deux cas, les investisseurs s'attendaient à une nouvelle contraction des ventes en raison de la concurrence du commerce en ligne mais ils ont été surpris par son ampleur.

COUP DE FREIN À LA CONSOMMATION?

Macy's a plongé de 17,01%, de loin la plus forte baisse du S&P-500, tombant à un plus bas de cinq ans et demi à 24,35 dollars.

Kohl's a pour sa part cédé 7,84% à 37,16 dollars.

Sans même attendre la publication de leurs propres résultats, les investisseurs ont aussi sanctionné par anticipation Nordstrom et J.C.Penney, avec des reculs respectifs de 7,60% et de 7,36%.

Comme Macy's et Kohl's, Nordstrom a annoncé après la clôture des ventes trimestrielles inférieures aux attentes des analystes en raison de la baisse de fréquentation de ses magasins aux Etats-Unis. Le titre perdait 3,7% supplémentaires dans les transactions hors séance.

J.C.Penney publiera ses résultats vendredi.

Les investisseurs vont maintenant tourner leur attention vers les chiffres des ventes au détail au mois d'avril, qui seront également publiés vendredi, pour savoir si les Américains privilégient désormais tout simplement les achats sur internet ou s'ils ont mis un coup de frein à leur consommation en ce début d'année.

Autre secteur en difficulté ce jeudi, les valeurs financières ont perdu 0,53% dans le sillage de Wells Fargo (-1,79% à 53,74 dollars).

La banque californienne a annoncé à l'occasion d'une journée pour les investisseurs que la croissance de son chiffre d'affaires était pénalisée par le scandale de ses comptes fantômes.

Autre valeur du jour, Snap s'est effondré de 21,45% à 18,05 dollars, un plus bas depuis son introduction en Bourse début mars, après sa première publication de résultats en tant qu'entreprise cotée. Le groupe, propriétaire de l'application de messagerie Snapchat, a dégagé un chiffre d'affaires inférieurs aux attentes et voit la croissance de son nombre d'utilisateurs ralentir.

Un total de 6,7 milliards de titres ont été échangés sur les marchés actions américains, ce qui est globalement conforme à la moyenne quotidienne des 20 dernières séances.

Au-delà des résultats d'entreprise, Wall Street a aussi réagi cette semaine à un regain de tensions politiques à Washington avec le limogeage par le président américain Donald Trump du directeur du FBI, James Comey.

Cette incertitude politique aux Etats-Unis a favorisé un repli vers des valeurs refuges comme le yen, alors que le dollar est resté stable face à l'euro à 1,0866, ou comme l'or, en hausse de 0,46% à 1.224,20 dollars l'once au comptant.

Les rendements des emprunts du Trésor américain ont finalement peu varié avec le redressement progressif des marchés d'actions américains au fil de la journée, alors que la demande a été relativement faible pour une adjudication par le Trésor de titres à 30 ans.

De leur côté, les cours du pétrole ont amplifié leur rebond de la veille avec une progression de plus de 1%, sous l'effet conjugué de la forte contraction des stocks de brut la semaine dernière aux Etats-Unis et du soutien croissant des pays producteurs emmenés par l'Opep à une limitation des extractions.

(Avec Yashaswini Swamynathan à Bangalore et Dion Rabouin à New York; Bertrand Boucey pour le service français)